« Avec leur façon de travailler, les institutions politiques sont un péril qui pèse sur l'Etat. Le Parlement lui-même est un danger pour l'Etat ! », a lancé le président de la République, Kaïs Saïed, mardi 24 août 2021. Le chef de l'Etat s'exprimait à l'occasion d'une rencontre au palais de Carthage avec le ministre du Commerce et du Développement des exportations, Mohamed Boussaïd, consacrée à la discussion des mesures à prendre pour mettre fin aux monopoles et l'empiètement des circuits de distribution.
« L'argent reçu pendant des années a été redirigé vers Genève, des propriétés à l'étranger… et puis, le soir ça vient pleurer le sort des Tunisiens affamés et appauvris et (demander) un dialogue national. Un dialogue avec qui ? La cause des Tunisiens est claire et il est hors de question de faire marche arrière. Viendra le jour où je dévoilerai toute la vérité au peuple tunisien et donnerai tous les noms (…) La corruption vient de la corruption politique ! Dialogue a-t-on dit ! Quel dialogue avec les corrompus ?! L'autre (en référence à Rached Ghannouchi, ndlr) a 80 milliards d'euros ou de dollars au Luxembourg et puis il vient dire qu'il avait donné aux Tunisiens. Qu'as-tu donné aux Tunisiens ?! », a-t-il martelé.
Le locataire de Carthage a, rappelons-le, décidé dans la nuit de lundi à mardi 24 août de prolonger l'état d'exception et par conséquent les mesures annoncées le 25 juillet et ce jusqu'à nouvel ordre.
Outre sa guerre politique, le président de la République, est revenu dans son discours – truffé de messages à destination de ses adversaires – , sur son combat « pour libérer les Tunisiens » du joug des monopoles, « des criminels et des lobbies qui complotent pour les affamer et les mettre à genoux ». Il a, dans ce sens, appelé le ministre du Commerce à faire preuve de plus de rigueur et à appliquer la loi, notant que les prix actuels des produits alimentaires et autres devraient être divisés par deux. « En Tunisie le problème des circuits de distribution est toujours d'actualité. Chaque nouveau chef de gouvernement effectue une visite à Bir El Kassaa sans que rien de concret n'en découle. Ils mangent du même plat ! », a-t-il indiqué laissant entendre que les chefs de gouvernement précédents étaient tous complices des lobbies qui gèrent les circuits de distribution en Tunisie.
« Ce sont des circuits qui visent à affamer le peuple tunisien (…) Si Kheireddine Pacha était encore vivant, il aurait écrit (le plus corrompu moyen pour appauvrir l'état des nations) au lieu du 'plus sûr moyen pour connaître l'état des nations' (en référence à 'Aqwam al-masalik li ma'rifat ahwal al-mamalik') », a-t-il déclaré soulignant la prolifération du phénomène de monopole en Tunisie.