L'ancien ministre de la Santé, Abdellatif Mekki, est revenu, mercredi 25 novembre 2020, sur l'évolution de la situation épidémiologique de la Tunisie depuis son départ du ministère. Il s'est exprimé à ce sujet dans une intervention dans l'émission Yaoum Saïd sur la radio nationale. Interpellé sur l'impact des décisions prises par le gouvernement Elyes Fakhfakh – notamment la réouverture des frontières – sur l'évolution actuelle de la pandémie, Abdellatif Mekki a défendu son bilan. Soutenant que l'expertise de la Tunisie dans la lutte contre les catastrophes était limitée, il a noté que la réouverture des frontières était une obligation internationale. « Quand nous avons pris cette décision, nous étions à zéro cas (d'infection au SARS-Cov-2) », a-t-il indiqué estimant que le seul moyen d'éviter une deuxième vague est de tout fermer. Selon le dernier bilan du ministère de la Santé, la Tunisie a enregistré à la date du 23 novembre 2020, 1.017 nouveaux cas de Coronavirus sur 3.209 tests réalisés. Le bilan des contaminations au SARS-CoV-2 grimpe ainsi à 90.213 cas, depuis le début de la pandémie. Selon le ministère, 73 décès ont été notifiés le 23 novembre (jusqu'à 23h) portant ainsi le nombre des victimes du Covid-19 à 2.935. Actuellement, 1.452 personnes sont hospitalisées, dont 287 en soins intensifs et 127 sous respirateurs.
L'ancien ministre a, cependant, admis des lacunes dans l'application du protocole sanitaire et mesures de prévention mis en place pour accompagner la réouverture des frontières, notant que la responsabilité était partagée entre l'Etat, les citoyens et les acteurs économiques. « L'Etat n'était pas suffisamment fort pour contrôler le respect des mesures déployées », a-t-il relevé.
Il a, également, déploré la suspension des travaux pour le déploiement des hôpitaux de campagne depuis son départ du ministère. « On était censés créer six hôpitaux de campagne mais on s'est arrêté à deux ». Abdellatif Mekki a, par ailleurs, souligné la nécessité de « calmer le jeu » afin de pouvoir contrôler la deuxième vague de la pandémie Covid-19. L'ancien ministre faisait référence aux tensions politiques et contestations sociales qui secouent actuellement la Tunisie. « L'Etat ne peut mobiliser les ressources humaines et matérielles nécessaires à la lutte contre la pandémie dans un contexte de tensions politiques et budgétaires ». Il a avancé, dans ce sens, que les grèves sauvages observées dans les secteurs de production du phosphate et du pétrole n'aidaient pas du tout. « Nous sommes passés d'un état de pauvreté au niveau du citoyen à un état de pauvreté à l'échelle de l'Etat », a-t-il signalé. Interrogé sur le rôle des partis politiques dans la dégradation de la situation socio-économique, Abdellatif Mekki, a rejeté toute responsabilité affirmant que le bloc d'Ennahdha continuait à travailler, notamment sur le projet de la loi de Finances suivant les recommandations du conseil de la Choura du parti. L'ancien ministre est, également, revenu sur les tiraillements au sein du mouvement Ennahdha en lien avec la présidence du parti et le maintien de Rached Ghannouchi à sa tête. Il a souligné, à ce sujet, que le conflit dépassait la simple idée de « préserver un poste ». « C'est la gouvernance du parti qui est en jeu. Chose qui est en lien direct avec le rôle du mouvement (dans la gestion) du pays », selon Abdellatif Mekki.