Alors qu'on cessait à peine de parler des affaires Enron et Worldcom, des faillites retentissantes qu'elles ont entraînées, des failles qu'elles ont laissées voir dans les systèmes comptables et d'audit internationaux, et qu'on essaie encore de panser les blessures de cette affaire dans le milieu des cabinets d'audit; apparaît en Tunisie l'affaire Batam, presque en tout point similaire, si ce n'est le volume des pertes.
Dans les deux premières, les cabinets d'audit sont montrés du doigt et si l'on sait maintenant le sort qui a été réservé à Andersen, on attend encore les suites de l'affaire Worldcom.
Une chose est sûre, il y a encore de l'audit dans l'air !
A peine les scandales financiers d'Enron et de Worldcom oubliés, les représentants des "Big Five", les cinq grands cabinets d'experts comptables et d'auditeurs, se sont vite remis de leur frayeur et remis certaines enseignes à jour.
Rached Fourati, senior partner de KPMG, Ahmed Belaïfa (actuel président de l'OECT) et Fayçal derbel ont bien voulu nous faire part de leurs opinions sur les affaires Enron et Worldcom.
Rached Fourati assure que "le commissariat aux comptes en Tunisie est largement inspiré du système « latin » et que ce système est plus protecteur parce que les commissaires aux comptes sont désignés par l'Assemblée Générale des Actionnaires et rendent compte aux actionnaires et non pas aux dirigeants".
Moins affirmatif, le président Belaïfa trouve quant à lui qu'il "faut aussi moraliser le comportement des hommes en mettant en place des codes d'éthique et de bonne conduite pour les différents acteurs de la chaîne de production de l'information et en mettant en place des systèmes de surveillance qui assurent le respect de ces codes".
Fayçal Derbel souligne "que de nouvelles règles sur l'indépendance des auditeurs ont été mises en place. Ces règles renforcent les situations d'incompatibilité en interdisant le cumul des missions, la SEC a engagé la réflexion pour créer un comité spécialisé pour surveiller la profession comptable. Cette instance bénéficiera d'une augmentation de ses ressources budgétaires pour consolider ses actions de contrôle du FASB et des auditeurs".
Les experts et l'ordre des experts comptables de Tunisie (OECT) font actuellement, à plus d'un titre, l'actualité. Le vendredi 18 et le samedi 19 octobre, l'OECT organise en effet son congrès international sur le thème de la "Mondialisation, nouvelle économie et stratégie de l'entreprise".
Pas moins de 9 conférences sur des sujets d'une actualité brûlante comme la "stratégie et gouvernance dans la nouvelle économie" ou "la communication financière sur le web", y seront donnés. Des sujets qui ramèneront certainement les discussions vers ces deux fameuses affaires et vers une actualité où le rôle des commissaires aux comptes est posé.
Et peut-être évoqueront-ils ce que beaucoup comparent déjà aux affaires Enron-Vivendi et qui aurait pu leur ressembler s'il n'y avait eu la volonté manifeste des autorités de sauver l'entreprise et de juguler les effets de ses dettes.
Dans cette affaire les responsabilités n'y sont certes pas encore bien définies mais ne doit-on pas cependant y penser maintenant avant qu'il n'y ait d'autres cas ?
Le congrès de l'ordre pourrait en être l'occasion !