NABEUL, 13 mars 2010 (TAP) - Les bigaradiers de Nabeul fleurissent aux premiers jours du printemps. Des fleurs blanches (Z'har) tres odorantes aux formes à de petites boules de neige qui annoncent une nouvelle saison et le démarrage de la campagne de distillation de l'eau de fleurs de bigaradier. Ces fleurs sont, aujourd'hui, à la base d'une activité suffisamment lucrative, pour inciter de nombreuses familles à les exploiter. Il faut rappeler, dans ce sens, que l'entrée des bigaradiers dans le pays remonte à l'arrivée des Andalous, en Tunisie. Depuis, les bonnes traditions bien ancrées dans le passé ont fait de cette saison l'occasion pour une importante dynamique basée sur la cueillette et le traitement des fleurs , pour tirer l'eau de ces fleurs (Z'har) qui a des bienfaits multiples. Nombreuses sont les familles nabeuliennes qui attendent cette saison avec impatience pour préparer dans allegresse leurs réserves en "Z'har" utilisé dans la confection des pâtisseries, comme parfum ou pour les soins contre les coups de soleil, la hausse de la température du corps, les maux gastriques et l'esthétique. Le bigaradier représente pour la région du Cap Bon et, en particulier dans le Grand Nabeul composé des villes de Nabeul, Béni Khiar, Dar Chaabane El Fehri et Hammamet, une richesse sociale , économique et culturelle. La saison de la distillation de l'eau des fleurs du bigaradier est devenue, en outre, une occasion pour célébrer l'arrivée du printemps. Elle offre l'opportunité pour les rencontres entre les membres de la famille, avec les femmes qui se réunissent autour de l'appareil traditionnel de distillation (Kattar) fait en cuivre, pour s'entraider dans la préparation de leurs réserves (Oula) en eau de fleurs de bigaradier mise dans des bouteilles spéciales, sous formes de carafes (Fechka). Les jeunes filles et garcons observent et interiorisent minitieusement les gestes des professionnels .Plus tard c'est à eux qu'incombe la responsabilité de perpetuer la tradition. A Nabeul, la distillation de l'eau des fleurs du bigaradier n'est pas seulement une tradition repetitive surtout qu'elle représente une saison agricole aux axes cohérents et une source pour des gains substantiels à environ 3000 familles. La dynamique commence avec l'arrivée du printemps avec la collecte des récoltes, dans les vergers, les jardins des maisons ou tout au long des rues de nombreux bourgs du Cap Bon. La distillation de l'eau de fleurs du bigaradier fournit un revenu respectable pour de nombreuses familles aux ressources limitées qui récoltent des bénéfices, grâce à cette activité familiale traditionnelle, à travers un travail rémunéré dans la distillation ou la vente aux visiteurs de la ville, parmi les familles tunisiennes qui affluent de toutes les régions du pays vers le gouvernorat de Nabeul, pour s'approvisionner et constituer leurs réserves annuelles de ce produit très prisé et qu'on trouve dans toutes les maisons tunisiennes. La saison de distillation ne dure que trois à quatre semaines. Elle constitue pourtant l'une des saisons agricoles les plus importantes pour le Cap Bon qui fournit plus de 50 pc de la production nationale. Malgré l'exiguité des surfaces réservées aux bigaradiers et leur nombre qui ne dépasse pas les 122.500 arbres, le secteur participe, chaque année, à la dynamisation de l'économie de la région, à travers la distillation traditionnelle à domicile ou industrielle dans les unités de la région. La production annuelle de fleurs de bigaradier est entre 1000 et 1200 tonnes par an dont 60 pc sont traités dans les six unités industrielles de la région et le secteur garantit des entrées en devises à la hauteur de trois à quatre millions de dinars, par an. Ces unités extraient de l'eau des fleurs de bigaradier, notamment l'huile essentielle de néroli qui est exportée vers les marchés étrangers, notamment la France, à des prix entre 4000 et 5000 dinars le kilo, pour être utilisée dans la fabrication des parfums les plus prestigieux dans le monde. A noter qu'une tonne de fleurs de bigaradier traitée industriellement dont un kilo de néroli et 600 litres de Z'har. Les premières estimations indiquent que la récolte de cette saison qui a démarré assez tôt, par rapport à l'année precedente, à la suite de la hausse des températures à la fin du mois de février, serait de 1100 tonnes.