Le conseil régional de l'ordre des avocats à Sfax a observé hier un sit-in au Palais de la Justice pour dénoncer «la paralysie de l'appareil judiciaire dans la région». Deux slogans principaux ont été mis en exergue : «La réforme du système judiciaire est une garantie pour l'indépendance de la justice » et « L'avocat est constitutionnellement un partenaire à part entière du système judiciaire » Le sit-in d'hier avait été précédé d'un point de presse au cours duquel ont été mises à l'index les multiples stigmates de cet appareil et les multiples entraves à son bon fonctionnement. En effet, le discours du président du conseil, Me Chafik Gdoura, s'est plutôt apparenté à un véritable réquisitoire mettant à nu le manque flagrant de magistrats et de cadre administratif ainsi que la vétusté et l'inadaptation de l'infrastructure et de la logistique. De quoi mettre en jeu l'indépendance de la justice tributaire dans son fonctionnement de l'existence de conditions de travail répondant aux normes internationales. En tête de préoccupations des avocats, figure l'insuffisance des effectifs dans nos instituions judiciaires. A ce propos, les besoins minimaux en magistrats sont évalués à cinquante nouveaux postes pour "Garantir le strict minimum requis en matière de prestations à offrir aux justiciables". En effet, la région de Sfax est dotée de quatorze juridictions, à savoir huit tribunaux cantonaux, deux tribunaux de 1ère Instance, une cour d'appel et un tribunal immobilier. Autant dire les besoins de toutes ces institutions judiciaires en magistrats. Il est facile de comprendre dès lors le manque enregistré d'effectifs qui d'ailleurs place les juges dans des situations loin d'être confortables. Illustration: jusqu'à la semaine dernière, le nombre de dossiers soumis au président du Tribunal de Première Instance Sfax 1, s'élevait d'après Me Gdoura, à près de 2500, chiffre appelé à atteindre les 4000 d'ici la fin de l'année judiciaire. C'est dire la lourdeur de sa charge de travail Conséquence, les juges se trouvent débordés avec des piles de dossiers qui s'entassent de plus en plus au fil des jours et encombrent leurs bureaux. Au niveau des greffiers, la situation n'est pas moins incommode, les besoins s'élevant à soixante treize nouveaux postes à pourvoir. En attendant, le manque accusé par nos institutions judiciaires constitue l'une des causes principales de l'engorgement à la dactylographie et au rendu des décisions. Les préoccupations des avocats touchent également l'infrastructure, en l'occurrence, les salles d'audience "loin d'être conformes aux standards internationaux, tout comme d'ailleurs le reste, concernant les composantes matérielles de l'appareil judiciaires, en Tunisie" Et "Si encore l'appareil administratif dans nos tribunaux disposaient du strict minimum en matière de moyens logistiques!" Se plaignent les avocats qui se disent "Contraints souvent de fournir du papier et des cartouches pour imprimantes ou autres fournitures pour faire avancer les choses." Il va de soi qu'à travers cette mise en garde contre les effets néfastes des problèmes de l'appareil judiciaire, les avocats visent la préservation des intérêts et des droits de leurs clients qui subissent parfois de graves préjudices particulièrement à cause du retard dans le traitement de leurs affaires A noter, enfin, que les prémices de coordination « entre le conseil de l'ordre des avocats d'une part, et les différentes composantes du système judiciaires ont émergé hier des contacts avec l'AMT, le syndicat des magistrats et le syndicat des greffiers, d'autre part. Le but de cette coordination est d'aboutir à la conception et à une vision communes concernant la réforme du système judiciaire. », indique Me Gdoura.