Alors que la Tunisie a célébré, ce mardi 5 juin, aux côtés des autres pays du monde, la journée mondiale de l'environnement, la situation de l'environnement dans notre pays continue de pâtir des dérives environnementales graves, enregistrées à la suite du relâchement sécuritaire ayant suivi la Révolution, en 2011. A en juger par des précisions fournies, à ce sujet, par un représentant du ministère de l'environnement, Adel Guétate, lors du point de presse interministériel tenu, ce mardi 5 juin 2012, au palais du gouvernement à la Kasbah, rien n'a été fait, jusqu'à ce stade, pour normaliser la situation des espaces verts et parcelles du domaine public maritime dont certains citoyens irréfléchis se sont emparés illégalement et sur lesquels ils ont érigé des constructions.
Ces atteintes avaient été pourtant recensées depuis longtemps et des décisions de démolition ont été prises à leur sujet, mais sont restées sans effet. Le représentant du ministère de l'environnement a émis l'espoir que l'amélioration des conditions sécuritaires permettra de mettre en application ces décisions.
Au même moment, des habitants mécontents continuent de bloquer le travail dans des décharges publiques contrôlées, dont notamment la décharge des déchets industriels de Jradou, aux environs de Tunis, mettant les industriels dans l'obligation d'user de tous les moyens pour se débarrasser de leurs déchets. Le ministère de l'environnement a néanmoins réussi à débloquer la situation dans certaines décharges, comme la décharge de Guellala, dans l'île de Djerba, ou encore celle de la région de Nakhla, dans la délégation de Menzel Bouzelfa qui ont pu être rouvertes, grâce au dialogue avec les riverains contestataires.
Cette année, la célébration de la journée mondiale de l'environnement est placée sous le signe de la promotion de l'économie verte, pour illustrer l'importance de la dimension environnementale et la nécessité d'en tenir compte dans les plans de développement économique et social.
Dans ce contexte, le ministère de l'environnement a mis au point, en collaboration avec l'Union européenne, une étude intitulée Profil de l'environnement en Tunisie'', destinée à servir de référence dans l'élaboration du programme de coopération tuniso européen en la matière pour la période 2014//2020, ainsi que dans la quête de financement pour les projets d'environnement nationaux, auprès des bailleurs de fonds.
Contrôle et veille sanitaires
Ce même point de presse a enregistré l'intervention d'un porte parole du ministère de la santé publique, le Dr Mohamed Rabhi, directeur de la préservation de l'hygiène du milieu et la protection de l'environnement au ministère de la santé publique, qui a insisté, dans le sillage de son collègue du ministère de l'environnement, sur la relation étroite existant entre la santé et l'environnement, avant de passer en revue les grandes lignes d'un vaste programme de contrôle et de veille sanitaires mis au point pour préserver l'hygiène du milieu et l'environnement durant la saison estivale qui débute.
A cet égard, Dr Rabhi a indiqué que selon les analyses périodiques et les évaluations systématiques de la qualité des eaux de baignade dans les plages tunisiennes, conformément aux critères fixés par l'Organisation mondiale de la santé, pour l'été 2012, il a été établi que 65% des plages tunisiennes offrent des eaux de baignades de très bonne qualité, 16% des eaux de baignade de bonne qualité, 2% des plages offrent des eaux de baignade d'assez bonne qualité, 12% nécessitant un suivi, 2% offrent des eaux de baignade de mauvaise qualité et 2,5% des plages tunisiennes offrent des eaux de baignade de très mauvaise qualité. Les plages de cette dernière catégorie sont impropres aux baignades et devraient être fermées.
Suite aux fortes précipitations de pluies enregistrées, en hiver, l'été de cette année est particulièrement propice à la prolifération des moustiques, des mouches et des insectes qui sont des sources de nuisance et des vecteurs de maladie. La Tunisie a connu des épidémies de maladies transmises par les moustiques et les insectes en général, comme l'épidémie de la fièvre du Nil enregistrée en 1997 et 2003 dans certaines régions du pays , comme Monastir et Mahdia. Des cas de la même maladie ont été recensés en 2010, dans les gouvernorats de Kébili (3 cas) et Jendouba (2 cas).
A signaler aussi que des cas des maladies appelées «dengue» et «chilungunya» transmises par certaines espèces de moustiques, sont apparus dans certains pays méditerranéens, comme la France et l'Italie, en 2010 et 2011.
Les eaux favorisent le pullulement des moustiques, tandis que les ordures et les déchets favorisent le pullulement des mouches. Or, ces deux facteurs sont fortement présents, cette année, en Tunisi,e a dit le Dr Rabhi
Des programmes sont mis en œuvre pour la lutte contre les moustiques et les insectes avec la participation de plusieurs départements ministériels et structures régionales, tels que le ministère de l'intérieur, celui de l'environnement, celui de la santé publique, les gouvernorats, les municipalités.
Cependant, la lutte exige l'utilisation d'insecticides et de méthodes adéquates, principalement dans des régions où ont été enregistrés des hauts niveaux de résistance aux insecticides. La préférence va aux formes de lutte qui respectent la santé et l'environnement, à l'instar de la lutte biologique et physique, car la lutte chimique a montré ses limites, à cause de la résistance aux insecticides chimiques développée par les moustiques et les insectes, en général. Certaines espèces de poissons qui mangent les larves de moustiques peuvent être employées, ou encore l'huile de paraffine qui permet d'asphyxier les larves, car, un petit seau d'eau oublié rempli d'eau dans un jardin peut devenir une source de prolifération des moustiques.
S'agissant de la veille sanitaire contre les contaminations venues de l'étranger, par le dengue et le chikungunya, des pièges pondoirs sont posés dans les aéroports, les ports et certaines zones urbaines et semi urbaines et contrôlés périodiquement, une fois tous les 15 jours au moyen d'analyses systématiques.