Joe Biden prononce le discours le plus important de sa longue carrière politique, en clôture de la convention d'investiture démocrate pour l'élection présidentielle du 3 novembre, et au lendemain d'un discours de Barack Obama qui a suscité l'ire de Donald Trump. Au quatrième et dernier soir de la convention, l'ancien vice-président de 77 ans acceptera formellement l'investiture de son parti, et prononcera, depuis sa ville de Wilmington, un discours à 22H00 (02H00 GMT), sans public, mais que devraient suivre en ligne et à la télévision des dizaines de millions d'Américains. Le président républicain, lui, occupe le terrain. Il se rend jeudi en Pennsylvanie, à deux pas de la ville natale de Joe Biden, Scranton, et il s'invitera sur la chaîne Fox News une heure avant le grand discours de son adversaire. Le réquisitoire de Barack Obama contre son successeur, mercredi soir, fut le plus sévère qu'il ait prononcé en quatre ans. "J'ai espéré, pour le bien de notre pays, que Donald Trump puisse montrer l'envie de prendre son rôle au sérieux, qu'il puisse ressentir le poids de la fonction", a affirmé M. Obama. "Mais il ne l'a jamais fait", a ajouté le premier président noir des Etats-Unis. Il n'a "traité la présidence que comme une émission de téléréalité qu'il peut utiliser pour attirer l'attention dont il a tant besoin", a dit M. Obama, le troisième ex-président à soutenir Joe Biden à la convention après Bill Clinton et Jimmy Carter. Par contraste, le seul ancien président républicain en vie, George W. Bush, a fait savoir qu'il ne voterait pas pour Donald Trump. Contre Barack Obama, Donald Trump a répliqué vertement dès mercredi: "Regardez comme il était mauvais, à quel point il fut un président inefficace", a-t-il dit. Contre Joe Biden, étroitement associé aux huit ans de présidence Obama puisqu'il était son vice-président et que celui-ci le qualifie de "frère", la ligne d'attaque trumpiste est qu'il sera le laquais de la Chine. "Ils feraient main basse sur notre pays!" a tweeté le président jeudi. A 74 jours de l'élection, les Américains interrogés par les sondeurs ont majoritairement perdu confiance en Donald Trump pour sa gestion du pays, en particulier de la pandémie de Covid-19. Toute la semaine, c'est d'ailleurs l'angle qu'ont choisi les démocrates pour pilonner le président sortant. La candidate à la vice-présidence, Kamala Harris, a dénoncé dans son propre discours d'investiture mercredi "le chaos permanent", l'"incompétence" et la "cruauté" du milliardaire. Cette ancienne procureure générale, fille d'un père jamaïcain et d'une mère indienne, a appelé à la mobilisation pour éviter un nouveau revers, après celui - inattendu - d'Hillary Clinton en 2016. "L'absence de leadership de Donald Trump a coûté des vies" au pays, a-t-elle lancé, évoquant l'épidémie qui a fait plus de 170.000 morts aux Etats-Unis. "Nous méritons beaucoup mieux!", a aussi lancé la sénatrice de Californie, 55 ans, qui pourrait le 3 novembre écrire un nouveau chapitre de l'histoire américaine en devenant la première femme à accéder à la vice-présidence. La convention démocrate, étalée comme tous les quatre ans sur quatre jours, se tient entièrement en ligne cette année, sous un format rythmé de deux heures par soir, avec des discours raccourcis. Elle est comme c'est la tradition l'occasion de mettre en valeur de nouvelles personnalités, et une place de choix a cette année été réservée à Pete Buttigieg, un démocrate modéré de 38 ans, et l'une des révélations des primaires du début de l'année, qui s'assurera lui aussi une belle audience. Quant aux républicains, leur convention, largement virtuelle, aura lieu la semaine prochaine. M. Trump prononcera son discours depuis la Maison Blanche.