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« Il y a une 'singularité tunisienne' au sein du monde arabe...Il faut l'exprimer et la défendre contre les tentations passéistes et les régressions tribales »
Droit de l'information et régulation des médias : L'invité de ce lundi, Abdelkarim Hizaoui, e
Publié dans Le Temps le 17 - 12 - 2007

Auteur de nombreux articles et publications, en arabe et en français, notamment sur le droit de l'information et la régulation des médias, la présence et l'image de la femme dans les médias, les normes internationales en matière de liberté de l'information, Abdelkrim Hizaoui( docteur en sciences de l'information,
licencié en droit public et enseignant-chercheur à l'Institut de Presse et des Sciences de l'Information -IPSI-), nous parle ici du secteur de l'information, de la radio et de la télévision de la profession de journaliste, de l'IPSI et d'autres questions. Interview...

Le Temps : Le paysage médiatique tunisien a été marqué cette année par la réforme de l'ERTT et par le lancement de nouvelles chaînes privées. Quelle signification donnez-vous à cet ensemble de mesures destinées à étoffer l'offre de programmes tunisiens ?
Abdelkarim Hizaoui : D'abord, on ne peut que se féliciter de toute création d'une nouvelle chaîne tunisienne, à l'heure où les chaînes satellitaires moyen-orientales séduisent de larges audiences du public tunisien. Je fais partie de ceux qui estiment qu'il y a une « singularité tunisienne » au sein du monde arabe et qu'il faut l'exprimer, la défendre et la préserver des tentations passéistes et des régressions tribales qui font encore, hélas!, le malheur de plusieurs pays arabes.
Le succès avéré des « sitcom » ramadanesques de Tunis 7 (tel que Choufli Hall de Hatem Belhaj) auprès des téléspectateurs maghrébins et arabes, notamment ceux établis en Europe, démontre que le modèle sociétal tunisien est un filon médiatique parfaitement exploitable et exportable.
Si on y ajoute une bonne couverture de l'actualité culturelle et artistique nationale, une réactivation du débat d'idées à propos de questions sociétales ou internationales majeures, sans oublier la retransmission des rencontres de notre populaire championnat de football, on a de quoi meubler les programmes de chaînes généralistes capables de capter de larges franges du public arabophone (et des annonceurs) bien au-delà de nos frontières.
Il reste évidemment à mettre en place le cadre juridique à même de favoriser le développement d'une offre de programmes équilibrée et pluraliste.

. Pouvez-vous nous définir les grandes lignes de ce que pourrait être le cadre juridique de l'audiovisuel ?
- Depuis 1990, date de création de l'ERTT, on a enterré de fait le monopole étatique sur la radiodiffusion instauré en 1957, à partir du moment où la loi du 7mai 1990 portant création de l'ERTT lui donne pour mission « d'assurer le service public de la radiodiffusion », ce qui ouvre la voie à l'existence de chaînes privées.
Mais la marche vers la libéralisation des ondes a été a été assez lente en comparaison avec plusieurs pays du Machreq arabe.
Au niveau juridique, cette prudence pouvait s'expliquer par la crainte d'adopter une législation « prospective » qui devait anticiper des développements difficilement prévisibles en raison de la rapidité des mutations audiovisuelles, de la mondialisation imposée par la diffusion par satellite et de l'explosion du nombre de chaînes surtout depuis le passage au mode numérique.
Aujourd'hui, il y a une stabilisation relative des pratiques médiatiques qui permet d'identifier les points d'équilibre dans le jeu d'intérêts des différents acteurs de l'audiovisuel.
Rappelons que nous avons maintenant trois chaînes de radio privées (Mosaïque FM, Jawhara et Zeitouna) et un chaîne de télévision (Hannibal TV), plus Nesma TV, qui est de droit français.
Cette législation n'est pas seulement possible, elle est nécessaire, à partir du moment les enjeux sont d'intérêt public : droit à l'information, respect du pluralisme, exploitation des fréquences hertzienne relevant du domaine public, respect des dispositions légales protégeant la vie privée des personnes, les droits de l'enfant, des consommateurs, l'ordre public etc ...
Autant de questions qui relèvent du domaine de la loi et ne sauraient être gérées durablement par des mesures réglementaires conjoncturelles.
Par ailleurs, il faut être réalistes et conscients que la radiodiffusion par satellite se joue des frontières nationales et qu'il faudrait aussi adopter des normes à l'échelle arabe, dans le cadre de l'ASBU notamment (à l'image de la directive européenne sur les « services de médias audiovisuels sans frontières » en cours d'adoption).
Bien évidemment, une instance de régulation de l'audiovisuel est indispensable au bon fonctionnement du système audiovisuel et le Conseil Supérieur de la Communication pourrait jouer ce rôle à condition de lui en donner les moyens.

. A ce propos, le Conseil Supérieur de la Communication a été promu par le Chef de l'Etat au rang d'établissement public doté de la personnalité civile et de l'autonomie financière. Cela peut-il le prédisposer à jouer ce rôle ?
- C'est incontestablement un pas important vers la consolidation du Conseil en tant qu'acteur important de la régulation médiatique dans notre pays. Rappelons que ce Conseil a été créé en 1989 en tant que structure consultative auprès de la Présidence de la République avant d'être rattaché au Premier Ministère (juillet 2000) puis au Ministère de la Communication (septembre 2005).
Les nouvelles attributions qui lui ont été confiées par le Chef de l'Etat dans son discours du 7 novembre 2007 traduisent à mon avis le vrai départ du Conseil, puisqu'il aura à assurer le suivi et l'évaluation de la production médiatique nationale, en plus de son rôle d'observatoire des médias qui lui a été attribué en 2002. De ce fait, il faut s'attendre logiquement à ce qu'il dispose d'un statut d'autonomie par rapport au ministère de tutelle de la communication.
En l'absence d'organes d'observation et d'évaluation des contenus médiatiques, le Conseil sera fort utile pour combler ce vide et servir de centre de référence et de pôle d'expertise pour éclairer les décideurs et rationaliser leurs options dans un secteur difficile à réglementer.

. A propos de réglementation, quelle signification peut-on donner à la réforme de l'ERTT ?
- La restructuration de l'ERTT, annoncée en 2006, consiste à séparer les établissements de radio et de télévision et à les déconnecter de l'Agence Nationale de Promotion de l'Audiovisuel (ANPA).
Il s'agit de réajustements internes au pôle audiovisuel public qui s'inscrivent dans une démarche qu'on peut qualifier d'expérimentale : on identifie une option, on teste une formule puis on s'aperçoit que l'ampleur des impératifs au quotidien ne laissent aucune place à la distanciation, à l'évaluation et à la quête d'une réforme globale et cohérente.
Il faut comprendre que ceux qui dirigent les chaînes sont souvent ceux-là mêmes à qui on demande de réformer, ce qui est difficile en l'absence d'un dispositif de recherche pouvant produire des indicateurs fiables en matière d'analyse de contenu, d'étude d'audience, de normes juridiques et de standards techniques ...
En effet, le conseil consultatif mis en place par la loi du 2 juin 1997 auprès du président de l'ERTT n'a pu jouer ce rôle en raison de son statut et de sa composition. On ne peut qu'espérer que les nouveaux établissements de radio et de télévision soient dotés de conseils de programmes plus performants et à même d'aider à une meilleure prise de décision.
Cela éviterait bien des hésitations, comme à propos de l'ANPA, créée en 1997, déclarée en 2006 séparée de l'ERTT, pour être finalement liquidée fin 2007.

. En tant qu'enseignant chercheur à l'IPSI, quel rôle peut jouer l'université pour la réussite de la réforme du paysage médiatique national ?
- Il faut d'abord souligner que de nombreux universitaires de plusieurs disciplines contribuent régulièrement au bon fonctionnement des chaînes de radio et de télévision, en tant que producteurs d'émissions ou simplement de personnes ressources et d'invités sur les plateaux.
Mais l'IPSI a un rôle plus direct, dans la mesure où il lui incombe de former les professionnels des médias et les chercheurs en sciences de l'information et de la communication.
Sur les 1069 journalistes titulaires de la carte de journaliste professionnel en 2007, plus de la moitié sont titulaires de la maîtrise de l'IPSI, dont 57% de filles. Ce qui est remarquable, même en comparaison avec les pays européens, où le quota des journalistes diplômés des écoles spécialisées dépasse rarement les 30%.
A lui seul le secteur audiovisuel public emploie plus du tiers de l'ensemble des journalistes tunisiens, alors que le recrutement par les chaînes privées demeure marginal, avec un total de 22 journalistes recensés en 2007 pour les trois chaînes existantes.
On a souvent, à juste titre, reproché à l'IPSI le surnombre de ses effectifs. Mais on doit dire aussi que, globalement, le nombre de journalistes en Tunisie est anormalement modeste, dans un pays cultivé où la lecture des journaux et la pratique des médias audiovisuels devrait être plus importante. A titre de comparaison, le ratio des journalistes par habitants est six fois plus important en France qu'en Tunisie.
Une meilleure employabilité des diplômés de l'IPSI devra être assurée à la faveur de la prochaine réforme de la formation devant intégrer l'Institut dans le système « LMD », qui prévoit des mécanismes d'implication des milieux professionnels employeurs dans la conception, la mise en œuvre et l'évaluation de la formation.

Enfin, il serait temps de réactiver les différentes conventions signées entre l'IPSI et le ministère de tutelle du secteur de l'information afin de mettre à contribution les chercheurs de l'IPSI dans la réalisation des études et recherches nécessaires à l'entreprise de réforme en cours. Cela rejoindrait d'ailleurs les nouvelles orientations de l'enseignement supérieur qui prévoient plusieurs formules de partenariat avec l'environnement professionnel, telles que les « pépinières » et les « licences co-construites ».

Pavé : Le succès avéré des « sitcom » ramadanesques de Tunis 7 tel que Choufli Hall auprès des téléspectateurs maghrébins et arabes, notamment ceux établis en Europe, démontre que le modèle sociétal tunisien est un filon médiatique parfaitement exploitable et exportable.
Interview réalisée par Néjib SASSI


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