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Peindre le vivant et le souffle
Publié dans Le Temps le 03 - 03 - 2018

" Il faut souffler sur quelques lueurs pour faire de la lumière."
René Char
Sélima Tria nous fait le plus beau cadeau, celui de son souffle. Un élan se dégage de chaque tableau, comme l'envol de la chrysalide, débarrassée de son cocon, aérienne et légère. Elle transcende la douleur, après avoir parcouru un long chemin de croix, surmonté une épreuve pénible, elle entame une ascension- renaissance dans la douleur, mais surtout dans la joie et l'enthousiasme. déterminée à atteindre la lumière dans un espace qu'elle porte tel un fardeau lourd et pesant qu'elle a couvert de signes prophylactiques et joyeux, elle dit la vie, la sienne, la nôtre.
Une longue traversée harassante et pénible au bout de laquelle, elle retrouve un nouveau souffle régénéré. Elle pousse les murs qui emprisonnent et ouvre l'espace, le démantèle, le déstructure, en joue comme une enfant avec son jeu de lego. Elle démolit les murailles intérieures qui emprisonnent, les fortifications qui empêchent l'envol. Elle démonte l'espace qui s'ouvre sur de nouveaux horizons, " la cinquième dimension" élargit la perception et la perspective et confère à sa peinture ouverture et originalité.
C'est au fond d'elle-même, de son intériorité, dans son mystère, dans sa souffrance, que Sélima puise ce désir ardent de créer un univers singulier et envoûtant qu'elle a peint et dessiné à la mesure de son rêve, de sa volonté, de sa force à vouloir dépasser ce qui l'entrave. Elle nous ouvre, grandes ouvertes, les portes de son " monde".
Tout y est: les dessins aux traits d'une grande finesse dont certains feraient penser à la course hâtive d'un insecte sur le sable, d'autres à la cartographie, ou à la miniature. Les toiles aux couleurs qui exultent, on dirait sorties d'un livre de conte, d'une réminiscence d'enfance. La nature qui s'est penchée sur sa palette, lui aurait confié tous les secrets des couleurs au point de lui révéler le procédé de la création de la lumière. Ses tableaux sont miroirs répandant toutes les nuances du spectre lumineux. Une multitude de nuances s'en émanent. " La médina" à l'architecture cubique déstructurée, concentrée dans un espace réduit, irradie de mille nuances, éclaboussée de soleil et de reflets. Des kaléidoscopes diffusent l'infinité lumineuse. Il y a même un tableau gourmant " salade de fruits " aux goûts délicieux, aux senteurs exquises, aux couleurs éclatantes.
Des souvenirs jaillissent tel celui" la petite maison dans la prairie", tournée vers l'horizon, fenêtre ouverte sur l'immensité, évocation d'un feuilleton qui a marqué toute une génération. Une famille de pionniers, partie en quête d'espace et de liberté avec ce désir de vivre et de survivre à tous les défis.
Il y a cette envie forte de quitter la réalité amère qui empêche toute élévation, tout désir de se libérer des chaînes d'un quotidien morose et insipide, de prendre son envol, d'oublier la laideur, de s'oublier en quittant le corps qui enlise et souffre et d'entamer danse et transe salvatrices. " Maïeutique", " Boussaadia", " derviches tourneurs" sont les toiles de la délivrance où le corps suspendu entre terre et ciel, quête l'âme apaisée. Corps porté aux nues, s'estompe devant un esprit renouvelé. Une spiritualité ressourcée, le cœur purifié atteignent cette zone inaltérée de l'absolu. La peinture rejoint la poésie, se débarrasse de ce qui la paralyse et la bride, déploie ses ailes et prend son essor.
Sélima Tria est debout, emplie de cette force qui va, qui avance, poussée par un souffle impétueux que rien n'arrête. Elle peint à fleur de toile, l'éclabousse de couleurs afin d'y jeter toute leur profondeur et leur beauté. Elle peint la vie pour oublier la vie qui gémit et hurle, un cri, un sanglot, un rire étranglé. Elle dit ce qui ne s'explique pas et qui est essentiel. Sélima se jette à corps perdu dans ses toiles, peint à perdre haleine, peint à n'en plus s'arrêter, le vide et le plein, le léger et le dense, elle fait offrande du souffle et du vivant.


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