Quelques centaines d'enseignants du secondaire ont organisé, hier, un rassemblement de protestation devant le siège l'Assemblée des représentants de peuple (ARP) au Bardo, pour crier haut et fort leur rejet des nouvelles mesures fiscales prévues par la loi de finances 2018, défendre l'école publique et réclamer l'activation d'un accord conclu en 2011 avec le ministère sur le classement de la profession en tant que métier pénible. «Non aux diktats des institutions financières internationales», «Pour l'activation de l'accord relatif à la retraite à 55 ans », «Non aux atteintes à la dignité des éducateurs », «La préservation de l'école publique est un devoir », ont notamment scandé les protestataires, lors de ce rassemblement organisé par le syndicat général de l'enseignement secondaire et soutenu par plusieurs députés, dont notamment les élus du Front Populaire. «Ce rassemblement de protestation a été organisé délibérément durant les vacances d'hiver afin de couper l'herbe sous les pieds des voix qui prétendent que la partie syndicale paralyse les établissements éducatifs et prend en otage les élèves», a souligné Fakhri Smiti, secrétaire général adjoint du syndicat de l'enseignement secondaire. «Les enseignants refusent catégoriquement le relèvement de l'âge du départ à la retraite à 62 ans et à 65 ans pour les salariés qui le souhaitent au regard du caractère pénible de la profession et estiment que cette mesure ferme la porte aux recrutements dans le secteur à l'heure où des milliers de suppléants et de titulaires du certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré (CAPES) attendent toujours leur intégration», a-t-il ajouté. Le responsable syndical a également fait savoir que le syndicat s'attache mordicus à la mise en œuvre de l'accord conclu en octobre 2011 qui considère la profession des enseignants du secondaire et de base comme un métier pénible. M. Smiti a également indiqué que le Budget de l'Etat pour l'exercice 2018 comprend des mesures fiscales inéquitables et prévoit le gel de recrutement dans la fonction publique, ce qui va favoriser la détérioration des conditions de travail dans les établissements éducatifs publics et l'essor du secteur privé. « Le budget du ministère de l'Education a été atrophié alors qu'on déplore un déficit d'enseignants évalué à quelque 1700 personnes », a-t-il révélé, signalant que le ministère de l'Eduction en emploie des suppléants avec des contrats provisoires, sans couverture sociale et avec des salaires ne dépassant pas les 200 D par mois. Par ailleurs, les protestataires ont appelé le syndicat à programmer de nouvelles activités revendicatives au cas où le ministère continue à faire la sourde oreille.«Si le mutisme des autorités de tutelle se poursuivait, une nouvelle réunion de la commission administrative du syndicat serait convoquée pour programmer de nouvelles actions de protestation », a averti le secrétaire général du syndicat, Lassaâd Yaâcoubi, indiquant que les enseignants pourraient réclamer de nouvelles augmentations salariales en 2018 pour compenser le manque à gagner qui sera engendré par les mesures fiscales prévues dans la loi de finances, dont la contribution sociale généralisée qui sera affectée au financement des régimes de sécurité sociale et la hausse de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Sur un autre plan, le syndicat rattaché à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) relève la détérioration des infrastructures dans les établissements éducatifs, l'encombrement dans les classes ainsi que la propagation des phénomènes de la violence et de la délinquance dans le milieu scolaire. Il appelle dans ce cadre à la promulgation d'une loi incriminant les atteintes au corps enseignants et aux salariés exerçant dans les établissements éducatifs.