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Affaire Kamel Sammari : Pour la liberté de presse et d'opinion
Publié dans Leaders le 22 - 08 - 2012

Depuis la Révolution, la Tunisie semble regorger de talents dont elle se serait bien passé: les faux prophètes et les prédicateurs en tous genres, les semeurs de haine et les miliciens armés, et les voyous et les corrompus, reconvertis en moralistes, qui arpentent notre pays en toute impunité, sous l'œil amusé de notre gouvernement. Parmi tous ces énergumènes, nous chercherions, en vain, ce dont la Tunisie a désespérément besoin, à savoir des citoyens honnêtes et courageux, dévoués à leur patrie et à leurs compatriotes. Pourtantces citoyens existent bel et bien, et Kamel Sammari en est un des plus dignes représentants.Je peux en témoigner sans la moindre hésitation, l'ayant connu au sein du syndicalisme étudiant des années 1960, et n'ayant jamais cessé de le côtoyer depuis lors, au gré de ses multiples engagements politiques et civiques.
Membres de l'opposition de gauche du PSD, nous avons été exclus du parti destourien au début des années 1970, et avons contribué à la création du Mouvement d'unité populaire en 1973, en Tunisie et en Europe. En 1977, Bourguiba, dont la tolérance aux opinions contradictoires n'était pas le fort (en cela malheureusement semblable à beaucoup de ses compatriotes), nous a alors fait condamner, lors du procès des militants du MUP, à cinq années de prison, pour atteinte à la sûreté de l'Etat et participation à une organisation politique non autorisée. Ce qui nous a amené à demander le statut d'exilé politique, moi à Paris, et lui à Londres. La capitale britannique lui a rapidement permis de déployer ses multiples talents, tant au sein d'Amnisty International qu'en tant que journaliste à Ad-dastour, à la BBC ou à Al Jazeera, mais toujours au service de l'ambition de ses débuts, la défense de la liberté d'expression et de la démocratie.
Il avait gêné le pouvoir de Bourguiba, et en avait subi les funestes conséquences ; il gêna le pouvoir de Ben Ali, qui le fit emprisonner à la fin des années 1990. Son crime ? Avoir interviewé à Londres Rached Ghannouchi, par respect pour le pluralisme des opinions, pendant que la presse tunisienne de ces années-là faisait montre d'une complaisance éhontée envers le dictateur et sa famille. De nouveau, l'exil londonien sanctionna cet engagement courageux en faveur de la déontologie journalistique et de la liberté d'expression.
On aurait pu croire que la Révolution allait permettre à la Tunisie de profiter enfin des talents d'un de ses enfants les plus honnêtes, qui ne retournajamais sa veste, et qui ne prostitua jamais sa plume, devait-il en subir les conséquences les plus injustes. Le secteur des médias, en particulier, ravagé par des années de médiocrité servile au service du pouvoir, avait tout à gagner des conseils et de l'expérience de Kamel Sammari, en apprenant à son contact à redresser la tête, et à défendre la vérité, quitte à déplaire au pouvoir du moment, car un journaliste intègre travaille pour son peuple, et non pour son gouvernement. Et pendant quelques mois, à la tête de la prestigieuse maison « Dar As Sabah », Kamel Sammari a tenté de mettre en pratique ce que des années de lutte en faveur de la liberté d'expression lui avaient appris.
Mais hélas ! Il était dit que les autorités tunisiennes, quelles qu'elles fussent, devaient prendre ombrage de son courage et de son indépendance. Et après Bourguiba et Ben Ali, voici que le parti de M. Rached Ghannouchi, celui-là même pour qui Kamel Sammari a été emprisonné, entreprend son limogeage manu militari, contre l'avis de sa rédaction et de tous ceux qui travaillent sous sa direction. Quelle ironie tragique !
En tant que compagnon politique et en tant qu'ami, je ne peux qu'espérer que la mobilisation de ses pairs et de la société civile saura ramener à la raison un gouvernement qui semble de plus en plus dépassé par les événements, se réfugiant dans les recettes qui ont pourtant conduit Ben Ali à sa perte. Puisse mon témoignage contribuer à convaincre les Tunisiens qu'en soutenant Kamel Sammari, ce n'est pas un homme qu'ils protègent, c'est leur dignité et leur liberté qu'ils défendent.


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