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«Gaza, c'est hiroshima et l'armée israelienne, c'est boko haram» affirment des medecins norvegiens
Publié dans Leaders le 04 - 08 - 2014

«Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire.»
Albert Einstein
En dépit de tous les efforts que déploie Israël pour éviter que ses atrocités aient des témoins extérieurs, NORWAC (Comité d'Aide Norvégien) a réussi à en avoir au cœur même de la Bande de Gaza - deux héros, deux valeureux médecins fidèles au serment d'Hippocrate : les professeurs Mads Gilbert et Erik Fosse. Lors de l'agression (Plomb durci) qui a eu lieu du 27 décembre 2008 au 12 janvier 2009, ils furent même les deux seuls témoins oculaires occidentaux. Ils ont rapporté, au jour le jour, les faits tragiques de cette abominable agression et leur quotidien à l'hôpital Shifa de Gaza dans un livre poignant. «Eyes in Gaza» («Des yeux à Gaza»), écrit en norvégien et traduit en anglais, a rencontré un immense succès en librairie ce qui a permis à des milliers de lecteurs de se solidariser avec les Gazaouis et de mettre les pendules à l'heure au sujet d'Israël et de son armée, «la plus morale du monde» comme le serine la propagande sioniste.
Aujourd'hui, ils se confient aux journalistes israéliens Gidéon Lévy et Alex Levac dans le quotidien israélien Haaretz (2 août 2014).
A l'heure où les Etats Unis réapprovisionnent en bombes et en missiles Israël, à l'heure où les sénateurs de Washington allouent, à l'unanimité, 225 millions de dollars aux extrémistes de Tel Aviv pour améliorer leur défense aérienne, nul ne peut demeurer insensible à ce que disent ces éminents témoins oculaires des atroces et déchirants évènements dont Gaza la martyre est le théâtre. Surtout après l'ignoble attaque d'une autre école de l'UNWRA, dimanche 3 août 2014, qui a permis à Tsahal d'accrocher à son tableau de chasse dix petits nouveaux cadavres !
Ces deux praticiens, aujourd'hui sexagénaires, sont allés aider les Palestiniens lors de la guerre du Liban en 1982 ; ce qui changé du tout au tout le cours de leur vie. «C'est là, dit le Pr Gilbert, que j'ai vu à l'œuvre la machine de guerre israélienne pour la première fois.» Quant au Pr Fosse, il dirige NORWAC qui fournit une assistance médicale aux Palestiniens et est financée par le gouvernement norvégien. Pour eux, Gaza est devenu une seconde patrie et ils lui consacrent une grande partie de leur temps.
Pour ces médecins, ce qui se passe actuellement, en termes de dommages à la population civile, est plus atroce et bien plus tragique que lors de l'attaque «Plomb durci » et tout particulièrement pour ce qui est des enfants. Le Pr Fosse - chirurgien cardiaque - était le 28 juillet 2014 à Herzliya, en Israël, attendant le feu vert israélien pour entrer à Gaza remplacer le Pr Gilbert – anesthésiste - qui partait prendre quelques repos dans son pays, après deux terribles et éprouvantes semaines de travail à Gaza.
Pour Lévy et Levac, ce que disent ces deux hommes devrait terriblement peser sur la conscience de tout être humain honnête.
Le Pr Gilbert raconte : «Je pensais avoir vécu la plus horrible expérience de ma vie à l'époque de «Plomb durci»… jusqu'à ce que j'arrive à Gaza il y a deux semaines. C'était encore plus choquant. Les données statistiques révèlent qu'on déplore 4,2 décès par jour… Plus d'un quart des morts sont des enfants et plus de la moitié sont des femmes et des enfants. L'armée israélienne reconnait que 70% sont des civils, l'ONU parle plutôt de 80% mais de ce que j'ai vu à l'hôpital Shifa, plus de 90% sont des civils. On est donc en présence d'un massacre de la population civile. Chujaya a été un pur massacre. Lors de «Plomb durci», je n'ai pas vu ces attaques de bâtiments résidentiels…
La brutalité, la volonté de faire du mal aux civils et les destructions sont bien plus atroces et bien plus grandes qu'en 2008-9. Je ne suis guère impressionné par le fait qu'on donne 80 secondes aux gens pour quitter leur foyer. C'est inhumain. Le spectacle de Chujaya est bien plus terrible qu'à l'époque de «Plomb durci». Observez un peu Chujaya, cela ressemble à Hiroshima. Je ne m'habituerai jamais à voir un enfant blessé pour lequel nous n'avons pas le traitement adéquat. Nous utilisons l'anesthésie locale du fait du manque de médicaments et il n'y en a même pas assez». Le Pr Gilbert - qui enseigne à l'Université du Nord de la Norvège - est aussi scandalisé par les attaques intentionnelles, voulues, délibérées de l'armée sioniste contre les hôpitaux. Plus rien ne reste de l'hôpital de réhabilitation al Wafa, l'armée israélienne a attaqué avec des bombes l'hôpital d'enfants Mohamed al Durra de Beit Hannoun et un enfant de deux ans et demi, à l'unité de soins intensifs, a été tué. Quatre personnes ont été tuées à l'hôpital al Aqsa.
Le Pr Gilbert s'est rendu à l'hôpital pour enfants et il a tout vu de ces propres yeux. Neuf ambulances ont été attaquées, le personnel médical a été blessé et tué. Pour lui, ceci a un nom : crimes de guerre.
L'anesthésiste norvégien a été particulièrement impressionné par la détermination et le comportement des Gazaouis et en premier lieu, par le personnel médical local. A l'hôpital Shifa, personne n'a été payé depuis quatre mois et durant les huit mois précédents, le personnel n'a perçu que la moitié du salaire dû. Même les employés dont les maisons ont été détruites étaient présents à leur poste. «Leur dévouement à leur travail» m'a abasourdi, reconnait-il.
Les deux médecins norvégiens affirment qu'ils n'ont jamais vu un responsable du Hamas se cacher à Shifa, contrairement à ce que disent les Israéliens, et qu'ils n'ont jamais vu d'hommes armés dans l'enceinte de l'hôpital.
La seule personne armée qu'ils aient jamais vue à l'intérieur de Shifa était un médecin israélien lors de la première Intifada, il y a longtemps de cela, et le Pr Gilbert n'a pas manqué de rappeler à l'Israélien que la loi internationale interdit les armes dans les hôpitaux. Il réfute l'affirmation que le Hamas utilise la population comme bouclier. « Je ne soutiens pas le Hamas. Je soutiens le peuple palestinien ainsi que son droit de choisir de mauvais chefs. D'ailleurs, qui a choisi Netanyahou et Liberman …? Les Palestiniens ont le droit de faire des erreurs. Voilà 17 ans que je me rends régulièrement à Gaza. Plus vous la bombarderez, plus le soutien à la résistance augmentera. Assimiler le Hamas à Boko Haram est ridicule.
L'armée israélienne est Boko Haram car elle viole la loi internationale. Comment est-il possible que ses officiers soient fiers de tuer des civils ? L'Histoire jugera cette armée et Tsahal n'en sortira pas grandie, étant donné les faits sur le terrain. J'en appelle aux Israéliens : «Debout ! Montrez que vous êtes courageux ! Israël est sur la mauvaise pente, pire que l'Afrique du Sud et ce serait une sortie de l'Histoire bien honteuse.»
Quant au Pr Fosse, il a fait jusqu'à dix opérations par jour (avant l'incursion terrestre de la soldatesque sioniste). Il apprécie hautement la compétence des praticiens gazaouis avec lesquels il a travaillé. Sa mission, insiste-t-il, ne s'arrête pas à la salle d'opérations. Il veut lancer un cri d'alarme au monde car Israël a vidé Gaza de toute présence internationale. Il rapporte que les blessés qu'il a eu à soigner ont été touchés par des missiles de précision, des missiles guidés, et donc il est certain que les nombreuses blessures infligées aux enfants et aux civils étaient voulues. Le Pr Fosse est d'avis que le siège imposé à Gaza par Israël est bien plus dramatique que la guerre. C'est la raison pour laquelle le Hamas est si déterminé cette fois-ci.
Le Pr Fosse poursuit : «Pendant sept ans, la société, à Gaza, s'est désagrégée. Pas de commerce, pas d'exportation, pas de fuite possible. Reste une seule et unique activité qui rapporte de l'argent : la contrebande. Ce qui a démoli la société. Ce qui a détruit Gaza en tant que société normale. Le blocus a généré une bien mince frange de gens fortunés par la grâce de la contrebande. Tout le reste de la population est pauvre. Ce qui a mis à terre la structure de la société et constitue le plus gros problème de Gaza. Je me souviens de conversations avec des collègues chirurgiens palestiniens de mon âge. Pendant des années, ils ont vécu dans un Gaza ouvert avec de bons rapports avec leurs confrères israéliens. Ils ont toujours rêvé pouvoir revenir à cette époque.
Maintenant, ces mêmes confrères se retrouvent autour du téléviseur et sautent de joie quand les roquettes tombent sur Israël. J'ai beau leur dire, Israël va réagir. Ils répondent : cela nous est égal. Nous allons mourir de toute façon. Autant mourir dans un bombardement. Ils n'ont plus aucun espoir. Il est choquant de voir ces gens perdre leurs enfants. Plus rien ne les intéresse. Israël est en train de perdre des soldats pour garder une situation que le monde entier condamne. C'est un crime commis à l'encontre d'une énorme population civile. Vous leur avez volé leur avenir et ils sont habités par le désespoir. Le Hamas n'a pas un grand soutien dans la population mais il y a un immense accord chez celle-ci pour dire qu'elle n'a plus rien à perdre. En Israël par contre, il y a une société qui s'en lave les mains. C'est très triste. Vous qui avez subi l'Holocauste, vous êtes devenus des racistes. A mon avis, c'est une tragédie. Vous êtes en train de fouler aux pieds toute éthiques et, au final, ceci détruira votre propre société.»
Amira Hass (Haaretz, 28 juillet 2014) s'indigne des attaques de l'armée israélienne contre les ambulances et les secouristes ; attaques qui ont fait sept morts et 16 blessés dans le corps médical en deux semaines précise-t-elle. Elle démolit le prétexte spécieux de l'armée qui prétend que « Des terroristes se cachent dans les ambulances » écrivant: «Vos si réputés services de renseignements qui n'ont pas découvert, des années durant, ce réseau de tunnels, connaitraient donc, en temps réel, que telle ambulance qui a été directement visée par Tsahal, transporte un Palestinien armé ? Pourquoi est-il permis de secourir un soldat blessé au prix du bombardement de tout un quartier et qu'il n'est pas permis de sauver un Palestinien âgé coincé sous les gravats ? Pourquoi est-il interdit de secourir un homme armé, ou plus précisément un combattant palestinien blessé, alors qu'il repoussait une armée étrangère qui a envahi son territoire ?» et de conclure : «La défaite morale d'Israël nous hantera des années durant. »
De son côté, le romancier israélien David Grossman, un des leaders des partisans de la paix (il a perdu un fils dans la guerre du Liban) - qui sans être aussi explicite que les deux médecins norvégiens - souligne dans le New York Times (27 juillet 2014) « les limites de la force» et le fait que l'unité affichée par les Israéliens concernant la guerre de Gaza est «en partie authentique, mais majoritairement manipulée» ajoute : «A notre époque, il n'y a plus de victoires sans équivoque, il y a l'image illusoire de la victoire à travers laquelle on peut aisément distinguer la vérité : dans la guerre, il y a seulement des perdants. Il n'y a pas de solution militaire à l'angoisse réelle du peuple palestinien. Tant que Gaza suffoquera, nous, en Israël, nous ne respirerons pas librement non plus.» Puis, Grossman se fait plus incisif : «Ici, en Israël, aussitôt la guerre finie, nous devons entamer le processus de mise sur pied d'un nouveau partenariat, une alliance interne qui doit transformer la nébuleuse des groupes d'intérêt qui nous contrôlent …» Il ne s'agit pas de la «sécurité d'Israël» mais il s'agit plutôt des «intérêts», «des sous» des marchands de canon et de mort, «ces sous qui porte la guerre comme la nuée porte l'orage» pour paraphraser Jean Jaurès, assassiné -il y a juste cent ans- pour avoir dit cela.
Ce sont «ces groupes d'intérêts» israéliens qui ont condamné plus de 1800 Palestiniens** à mort et fait plus de 9000 blessés. Pour ne rien dire des infrastructures démolies, de la dévastation et des traumatismes subis par la population de Gaza dans le silence assourdissant et donc complice des Grands de ce monde. La Cour Pénale Internationale est-elle réservée aux seuls Africains et autres militaires des Balkans?
En attendant, le Secrétaire d'Etat au Foreign Office, Philip Hammond, demande l'arrêt immédiat du massacre et note que les actes antisémites sont en augmentation en Grande Bretagne. Il n'y a pas si longtemps, une enquête d'opinion réalisée dans l'Union Européenne – mise sous le boisseau- révélait que la majorité des Européens voyaient en Israël une menace pour la paix mondiale, bien avant la Corée du Nord et l'Iran.
Mais aujourd'hui, après les massacres et les destructions perpétrés à Gaza, l'Union Européenne ne permettra sûrement pas une nouvelle enquête de ce genre.
Mohamed Larbi Bouguerra

**Dont on ne donne jamais le nom, contrairement aux soldats israéliens. Voici, ci-après, les noms des quatre enfants de la même famille tués par un missile israélien alors qu'ils jouaient au football sur la plage à Gaza : il s'agit de Atèf, Mohamed, Zakaria et Ismaïl Bakr.
Tags : Gaza Israel ONU mohamed Larbi Bouguerra


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