Les constituants s'accusent mutuellement de falsification Quelques minutes après son démarrage, la séance plénière consacrée à la lecture du rapport général du rapporteur de la Constitution et à la discussion générale a été interrompue par le président de l'Assemblée nationale constituante Mustapha Ben Jaâfar, suite à la protestation d'un certain nombre de constituants qui ont tenté de lire un communiqué sans l'aval du président de la séance. Au moment où la parole a été donnée à Habib Khedher, rapporteur général de la Constitution, plusieurs constituants de l'opposition se sont levés et Mohamed Brahmi a entamé la lecture d'un communiqué adopté par quelques élus, dans lequel ils accusent le président de l'ANC ainsi que le rapporteur général d'avoir «falsifié les travaux des commissions». Dans une ambiance de cafouillage général très mal gérée par le président de la séance, Habib Khedher s'est mis à lire son rapport en même temps que la lecture du communiqué par le constituant Mohamed Brahmi. Sous l'intonation de l'hymne national Les constituants de la majorité et de l'opposition entonnent alors en chœur l'hymne national (mais pas pour les mêmes motifs). Le président, à qui a échappé le contrôle des événements, a finalement levé temporairement la séance. Pourtant, ce devait être une journée exemplaire, le jour où les députés allaient enfin commencer la discussion générale autour de la Constitution avant de passer au vote article par article. Ainsi, plusieurs figures importantes de la scène publique ont été invitées, telles que Ahmed Mestiri, Ahmed Ben Salah et Mustapha Filali, anciens constitutionnalistes de la première heure, Houcine Abbassi, secrétaire général de l'Ugtt, en passant par Amine Mahfoudh, expert constitutionnaliste, mais qui ont préféré quitter l'hémicycle, scandalisés par le comportement de l'ensemble des constituants. Dans les couloirs, la tension n'a pas baissé et les accusations mutuelles fusent à chaque fois qu'un micro est tendu à un constituant. «Ce qu'ont fait les constituants protestataires, c'est de l'adolescence politique» déclare Mehrzia Laâbidi, vice-présidente de l'Assemblée nationale constituante, ou encore «le rapporteur général de la Constitution allait lire un rapport qui falsifie la volonté du peuple», s'insurge Hishem Hosni, constituant indépendant. Amine Mahfoudh a estimé pour sa part que «l'ANC récolte ce qu'elle a semé, car le contexte actuel marqué par une tension entre les constituants, ne permet pas de proposer le texte en séance plénière». Quant à Habib Khedher, sous les feux de la critique, il a déclaré aux médias que de toutes les manières, «le rapport général sera lu et si ces constituants ne respectent pas l'ordre du jour établi, ils n'y changeront rien». Notons, par ailleurs, que les constituants contestataires ont distribué un document contenant, selon eux, «le véritable travail des commissions» à partir duquel ils souhaitent que l'Assemblée nationale constituante travaille en séance plénière. Une copie jugée non conforme par le président de l'ANC et son adjointe qui y voient à leur tour «une falsification». C'est la foire !