Un rebondissement de taille au sein d'Al Aridha Achaâbia : le Dr Hachemi Hamdi décide de démissionner de la présidence du parti et le bureau exécutif décide la dissolution pure et simple du parti. «Ces deux décisions ont été prises au terme d'une réunion marathon qui a duré plusieurs heures durant la nuit de samedi 27 à dimanche 28 avril et qui s'est poursuivie hier, avec la participation de plus de 80 représentants de nos structures régionales. Le Dr Hachemi Hamdi a pris part à nos travaux via la technique du Skype et les deux décisions ont été arrêtées à l'unanimité des participants. Demain (lundi 29 avril), nous effectuerons les procédures nécessaires à la dissolution d'Al Aridha auprès des services concernés à la présidence du gouvernement», précise Skander Bouallagui, constituant et porte-parole d'Al Aridha. Quelles sont les raisons qui ont poussé Hachemi Hamdi et ses lieutenants à opter pour cette décision ? «Notre position, relève Skander Bouallagui, n'est ni fortuite ni précipitée. Elle constitue la résultante logique d'une série d'actions dont nous étions la cible et qui cherchaient, dès les premiers jours qui ont suivi les élections du 23 octobre 2011, à nous barrer la route et à nous empêcher d'accomplir le mandat pour lequel nous avons été élus. D'abord, dès la déclaration des résultats des élections, six listes de notre parti (soit 120.000 voix) ont été déclarées nulles sans aucune organisation de la société civile ou un parti politique ne lève le petit doigt pour dénoncer l'injustice dont notre parti a été la victime, heureusement réparée par le Tribunal administratif. Et depuis, a été lancée contre nous une campagne d'exclusion et de mise au ban au point que nous avons été obligés de manifester dans la rue pour être invités à un débat télévisé. Ensuite, la violation flagrante par la présidence du gouvernement de la loi sur les partis, et ce, en décidant d'accorder l'autorisation légale à un autre parti qui porte notre nom et notre logo. En plus, on nous a demandé, lorsque nous avons contesté cette décision, de prouver devant la justice que le nom Al Aridha Achaâbia et le logo sont bien ceux de notre parti. Quant à la troisième raison de notre décision, elle revient au détournement de la volonté de la commission constituante des pouvoirs exécutif et législatif relative à l'interdiction du phénomène du nomadisme des constituants qui changeaient de partis quand bon leur semblait. Ce sont Habib Kheder, rapporteur général de la commission de rédaction et de coordination de la Constitution, et Sahbi Attig, chef du groupe parlementaire d'Ennahdha, qui ont tout fait pour que l'interdiction du nomadisme ne soit pas inscrite dans le texte final de la commission constituante. La quatrième raison ayant motivé notre décision se rapporte à la décision d'interdire la candidature à l'élection présidentielle à ceux qui ont une double nationalité. Nous considérons que cette mesure vise directement le Dr Hachemi Hamdi, président d'Al Aridha Achaâbia». Nous reviendrons sur notre décision si... La démission de Hachemi Hamdi et la dissolution d'Al Aridha sont-elles irréversibles ? Les sept constituants d'Al Aridha vont-ils se retirer eux aussi de la Constituante ? «Au sein de l'Assemblée nationale constituante, les constituants d'Al Aridha poursuivront la défense des principes sur la base desquels ils ont été élus mais en tant que constituants indépendants dans la mesure où le parti Al Aridha n'a plus d'existence légale», souligne notre source. «Quant à l'éventualité de revenir sur la dissolution du parti, nous sommes disposés à réviser notre décision à condition que soit levées les contraintes interdisant aux binationaux de se porter candidats à la prochaine élection présidentielle. Il en est de même pour l'interdiction du nomadisme entre les partis et aussi l'obligation de la télévision nationale à adopter un comportement neutre vis-à-vis de tous les acteurs du paysage politique national», indique notre source. Skander Bouallagui s'adresse, in fine, au gouvernement en place en lui rappelant le verset 42 de la sourate Ibrahim: «Ne crois surtout pas que Dieu soit inattentif aux agissements des injustes. Il ne fait que reporter leur châtiment au jour où les regards seront figés d'épouvante».