Après Le secret de Khadija et Seul l'amour vaincra, Emna Ben Mostapha Kheriji signe son troisième recueil de nouvelles pour lequel elle a choisi le titre Pour la paix. Avant de feuilleter ce livre de 93 pages, plusieurs indices parsemés sur sa couverture nous éclairent sur le contenu et sur l'auteur. Cette dernière illustre le titre par «La colombe de la paix» de Picasso. Elle dédie son œuvre à son défunt père «sans qui je n'aurais pas eu la possibilité de m'instruire», dit-elle. Sur la quatrième de couverture, E.B.M. Kheriji est présentée par Farouk Omrani comme «confiante en la victoire de la vérité et de la justice» et comme «croyante en l'être humain et en sa possibilité de construire des lendemains meilleurs». L'on s'attend donc à une écriture sensible et optimiste, à l'image de l'écrivaine, et des thèmes puisés dans tous les aspects de la vie. Seize nouvelles durant, E.B.M. Kheriji imagine des scènes de la réalité, de notre réalité actuelle qu'elle dénude de toute complication pour faire ressortir l'essentiel. «La morale de l'histoire» semble être le plus important à retenir, plus important parfois que la construction des événements et des personnages où elle ne s'attarde pas sur les détails. Qui, quoi, où, quand, comment : voilà peut-être une manière de résumer sa façon de faire narrative, imprégnée de réalisme. Le pourquoi, lui, est laissé au lecteur, dans la marge de ses capacités d'extrapolation. La plume de E.B.M. Kheriji est , si l'on ose dire, «globe-trotteuse». De la campagne tunisienne à la Palestine, puis de Djerba à Bizerte, de France jusqu'au Canada, ses histoires partent d'un endroit précis où l'action se passe autour de sujets plus ou moins épineux et variés : la cause palestinienne, l'adoption, le calvaire du gaucher... et les relations humaines en général, qu'elle raconte d'une façon peut-être un peu trop simpliste mais non sans intelligence. L'auteur n'a aucun mal à imaginer et à créer toutes sortes d'histoires et de personnages, aussi loin qu'ils puissent être de sa nature, de son origine, de son sexe, etc. C'est bien là la vraie vocation de son écrit : l'ouverture vers l'autre et vers l'universalité de l'être humain. En ces temps modernes où tout n'est pas rose, E.B.M. Kheriji ose l'optimisme naïf. Ses nouvelles feraient de jolis contes pour enfants ou trouveraient facilement leurs places dans les livres scolaires de lecture. _____________ Min ajli essalam (Pour la paix), recueil de 16 nouvelles, 93 pages, de Emna Ben Mostapha Kheriji, Editions Atlas, 2010. Prix: 4 dinars