Contre vents et marées, la Fédération tunisienne des ciné-clubs (Ftcc) a décidé de relever un défi de taille. Elle organise, en effet, du 1er au 7 avril, le Congrès international des ciné-clubs qui se tient pour la première fois dans un pays arabe et africain. La Ftcc a tenu une conférence de presse en début de semaine, afin de présenter les activités du congrès et les dessous de son organisation. Une soixantaine d'invités venant des cinq continents seront du 1er au 7 avril à Hammamet, où se tiendront les activités du Congrès international des ciné-clubs au Centre culturel de la ville. La Ftcc et la Fédération internationale des ciné-clubs se penchent sur l'organisation de cet événement d'envergure depuis 2010, année où le congrès s'est tenu au Brésil. La présidente de la Ftcc à l'époque, Saïda Chérif, y a présenté la candidature de la Tunisie, qui a été retenue pour accueillir cette rencontre des professionnels du cinéma. Les enjeux du congrès sont de promouvoir le ciné-clubisme dans le monde, en tant que circuit alternatif pour les films —surtout ceux qui n'ont pas leur place dans les circuits traditionnels de diffusion—, garantissant une distribution plus équitable, où les films sont montrés dans les grandes villes comme dans les villages. Dans ce sens, la plate-forme de distribution alternative CINESUD sera présente au congrès et tiendra une conférence intitulée «CINESUD, une alternative de distribution équitable», le 29 mars à 9h30 à la maison de la culture Ibn Khaldoun. Conférence qui s'inscrit également dans le cadre du Forum social mondial. La Charte de Carthage en vue Bénévoles et déterminés, les membres de la Ftcc impliqués dans le congrès bénéficient du soutien du ministère de la Culture, qui fait partie du comité d'organisation, dans les tâches de secrétaire général et de trésorier adjoint. On ne peut pas en dire autant pour le ministère du Tourisme ni celui de la Jeunesse et des Sports, qui, malgré des promesses, sont jusqu'à la tenue de la conférence défaillants. Les membres du comité d'organisation ont tenus à le préciser, vu qu'il s'agisse d'un événement susceptible de promouvoir le tourisme culturel et de mettre en avant la jeunesse active dans la société civile en Tunisie. Mounira Ben Halima, secrétaire générale du congrès, était présente pendant la conférence, aux côtés de Ramzi Laâmouri, trésorier, et de Maher Rekik, directeur exécutif, pour donner plus de détails sur le déroulement du congrès. La Ftcc et la fédération mère tiendront toutes deux leurs assemblées générales pendant le congrès, dont la principale activité reste le forum mondial des ciné-clubs. Celui-ci se base sur quatre thèmes principaux. Pendant le premier, le centenaire du cinéclubisme, la rencontre entre les membres des ciné-clubs mondiaux aboutira à l'élaboration de «la Charte de Carthage», une actualisation de la déclaration des principes du cinéclubisme et de son rôle culturel et social dans le nouveau millénaire. «Ce document serait à l'origine d'un nouvel élan pour le cinéclubisme dans une nouvelle conjoncture internationale», peut-on lire dans le dossier de presse. Des conférences-débats en présence d'experts internationaux tourneront autour des trois autres thèmes : le cinéclubisme dans le monde arabe, le cinéclubisme en Afrique et enfin le cinéclubisme en Tunisie. L'enjeu de la formation L'échange de connaissances constituera un chapitre important dans le programme du congrès, où se tiendront des workshops en facilitation de débat, planification stratégique et formation des animateurs de ciné-clubs, afin de transmettre ce savoir-faire et de renforcer l'action des ciné-clubs, portés par leurs animateurs, principalement des jeunes. Pendant le congrès, un programme conçu pour les invités étrangers leur permettra de mieux connaître le patrimoine archéologique et cinématographique tunisien, grâce à des visites pour les musées et sites du pays, mais aussi un Panorama du cinéma tunisien fait de longs et courts-métrages marquants des différentes décennies de l'histoire du cinéma tunisien : Khochkhach de Salma Baccar, Le professeur de Mahmoud Ben Mahmoud, Visa-la dictée d'Ibrahim Letaïef, Pourquoi moi? de Amine Chiboub, L'homme de cendres de Nouri Bouzid, Essaïda de Mohamed Zran, Fils de pauvreté de Nidhal Ben Hassine et Vivre de Walid Tayaâ. Avant la fin de la conférence, le comité organisateur a assuré que le rêve deviendra réalité et que malgré les difficultés et le peu de financement, il tient à la réussite de ce congrès. Il démontre ainsi le rôle des associations dans la dynamique culturelle des pays du Sud. Pays où l'administration et l'Etat sont appelés à fournir les moyens de gestion nécessaires, sans affecter l'indépendance et la liberté des artisans de cette culture.