«Je crois que la prochaine cible des escadrons de la mort en Tunisie sera un journaliste», nous a déclaré, hier, Soufiane Ben Farhat, rédacteur en chef à La Presse et chroniqueur audiovisuel, dans un entretien téléphonique. En effet, notre collègue se dit victime d'une violente campagne de diffamation incitant à sa liquidation physique. Selon Soufiane Ben Farhat, plusieurs pages de réseaux sociaux proches du parti au pouvoir Ennahda se sont attaquées à lui à travers des allégations mensongères et l'ont même accusé d'être «un espion à la solde des services de renseignements israéliens (le Mossad) entre 2001 et 2007». Ces accusations surviennent suite aux déclarations de Walid Bennani (vice-président du bloc d'Ennahdha à l'ANC) et d'Amel Ghouil, constituante Ennahdha à l'ANC. Celle-ci a qualifié Soufiane Ben Farhat d'«immoral» et de «malpropre» et a même menacé de le poursuivre devant la justice. Rappelons que les déclarations de notre collègue sur le plateau de Nessma TV ont porté sur une altercation musclée qui aurait opposé quatre constituantes d'Ennahdha dans l'hémicycle du Bardo et provoqué des dommages dans l'équipement de retransmission télévisée d'Al Wataniya. «Il est inconcevable, dans un pays de droit comme la Tunisie, que des constituants appartenant à un parti au pouvoir puissent donner de telles déclarations», ajoute Soufiane Ben Farhat. Il faut dire que ce n'est pas la première fois que Soufiane Ben Farhat est la cible de menaces de mort. Selon un communiqué de presse du Centre de Tunis pour la liberté de la presse, publié le 1er mars 2013, une lettre manuscrite de menace de mort est parvenue au journaliste de Shems FM et Nessma TV, Hamza Belloumi. Cette menace concerne, également, Soufiane Ben Farhat ainsi que trois autres journalistes (Sofiane Ben Hmida, Naoufel Ouertani et Néziha Rjiba alias Om Zied). Pis encore, selon Soufiane Ben Farhat, un individu est intervenu à deux reprises sur le répondeur de la radio Shems FM pour le menacer de mort. Sans parler du coup de fil qu'il a reçu en juillet dernier d'un général de l'armée tunisienne lui recommandant de ne pas se rendre au nord du Mali car d'après des renseignements,un jihadiste tunisien a donné l'ordre de le liquider au Mali. «Je lance un appel aux autorités tunisiennes et à leur tête le président de la République tunisienne pour assurer ma protection et celle de ma famille. Sinon, il ne me reste plus que le choix de quitter mon pays», a ajouté Soufiane Ben Farhat, qui condamne le climat de terreur qui prévaut dans le pays. La Snipe La Presse-Assahafa, toutes catégories de personnels confondues, apporte son soutien à l'appel de Soufiane Ben Farhat pour que les autorités concernées puissent lui accorder, ainsi qu'à sa famille, la protection nécessaire. Cela vaut autant pour notre collègue que tous les autres confrères et consœurs dont la liberté et l'intégrité physique sont menacées.