A partir d'un sujet poignant, plus actuel que jamais qu'est l'immigration, la réalisatrice italienne Paola Randi a tissé les fils d'une comédie dramatique saisissante qui a séduit les cinéphiles, venus nombreux à la troisième séance de projection qui a eu lieu jeudi dernier, à la salle l'ABC. Into Paradiso, superbement interprété par Gianfelice Imparato, Saman Anthony et Peppe Servillo, raconte l'histoire d'Alfonso, un scientifique à la quarantaine bien sonnée, qui a été licencié de son travail à cause de la crise économique que traversent la majorité des entreprises en Italie. Découragé, il décide de se tourner vers un ami d'enfance, Vincenzo, entrepreneur, qui a des accointances avec la mafia et qui se présente aux élections. En échange d'une recommandation, Alfonso accepte de livrer un petit paquet qui contient un pistolet censé servir à un règlement de comptes. La livraison finit mal; Alfonso se met les hommes de la mafia sur le dos et se trouve obligé de se cacher dans une sorte de «ghetto» occupé par des immigrants sri-lankais, où il rencontre l'ancien champion de cricket Gayan, fraîchement arrivé en Italie. On découvre dans cette communauté, des personnages haut en couleur, des propos enrobés d'humour à l'italienne, de l'ironie, des situations comiques pleines d'imagination, soutenues par une mise en scène infaillible, attachante et touchante. Résultat, on a un film rythmé et léger qui lutte contre la violence par les sentiments et qui traite de sujets pointus par le biais de l'humour et de l'imagination, dédramatisant ainsi les situations difficiles et ouvrant des horizons possibles à la communication, à l'entente et à l'amitié. Et voilà qu'on peut démentir des clichés en montrant que la cohabitation dans une Naples multiethnique est encore possible, à travers cette situation où ces trois individus de racines socio-culturelles différentes sont contraints de partager leur temps et leurs expériences dans un espace clos. Une sorte de «cohabitation forcée» qui aboutit dans son dépassement de la notion du «différent», sans pour autant annuler les écarts et les diversités, insistant sur la possibilité de communiquer et de respecter l'autre. Avec ce film , Paola Randi a signé un portrait original de la société humaine en offrant une vision réaliste, bien qu'avec beaucoup d'imagination, qui ouvre la voie à une possible tolérance et à une réelle cohabitation dans la différence.