Emouvantes retrouvailles, hier, au Palais des congrès à Tunis, entre la famille démocrate élargie composée des associations et des organisations initiatrices du pacte de Tunis pour les droits et les libertés et les partis politiques qui ont rejoint l'initiative et lui ont apporté leur soutien. La salle réservée à la rencontre de presse organisée par l'Institut arabe des droits de l'Homme, promoteur de l'initiative, s'est révélée très exiguë pour contenir les militants des droits de l'Homme, les représentants de la société civile, les responsables des partis politiques signataires du pacte et les personnalités du monde de la presse et des arts. Ils sont tous venus dire leur ras-le-bol des événements qui secouent le pays depuis quelques semaines et qui menacent les libertés et les droits accumulés au fil des ans et renforcés avec la révolution de la liberté et de la dignité. «Seulement avec la montée des salafistes, le laisser-aller du gouvernement, les dérives sécuritaires, les menaces sérieuses qui pèsent désormais sur les droits des femmes avec un projet de Constitution qui autorise toutes les suspicions, nous nous sommes retrouvés dans l'obligation de réagir. C'est dans cet esprit que s'inscrit l'initiative lancée par l'Institut arabe des droits de l'Homme appelant à l'instauration du pacte de Tunis pour les droits et les libertés. Un texte juridique qui insiste sur l'interdépendance des droits de l'Homme, sur leur caractère indivisible et sur une vérité reconnue par tous les militants des droits de l'Homme. Cette vérité est aussi claire que concise : il ne peut y avoir de dignité en l'absence de liberté. Il ne peut y avoir également de liberté sans égalité, laquelle constitue le socle fondamental de la citoyenneté», devait souligner Abdelbasset Ben Hassen, directeur de l'Institut arabe des droits de l'Homme. Inscrire le pacte dans le préambule de la Constitution Et la joute oratoire de s'ouvrir, donnant aux représentants des associations et des partis politiques (dans leur ensemble appartenant à l'opposition, exception faite d'Ettakatol dont la jeune représentante a martelé à plusieurs reprises qu'il demeure fidèle à ses principes de base et qu'il n'a pas renié ses engagements pour un Etat civil et démocratique), l'opportunité de mettre en évidence leur engagement à poursuivre la lutte pour que «la belle révolution du 14 janvier ne soit pas confisquée par ceux qui veulent nous voler notre citoyenneté et notre droit absolu à la dignité». Le ton général des discours prononcés à cette occasion tournait autour de la nécessité de considérer «le pacte des droits et des libertés comme un message rassurant les Tunisiens et les Tunisiennes en cette période d'inquiétude». Idem pour l'urgence de l'inscrire dans le préambule de la constitution en tant que l'une des références de base sur lesquelles doit se fonder la rédaction de la Constitution sur un pied d'égalité avec le référentiel réformiste tunisien, les objectifs de la révolution, les principes et valeurs humains, etc. Abdelbasset Ben Hassen, directeur général de l'Iadh, nous a précisé que «le texte du pacte qui a déjà reçu plus de 10.000 signatures a été soumis, il y a trois semaines, au Dr Mustapha Ben Jaâfar, président de l'Assemblée nationale constituante, qui l'a trouvé intéressant et a promis de le remettre à la commission constituante du préambule de la constitution et des principes fondamentaux afin d'examiner l'éventualité d'en référer au sein du préambule de la future constitution. De toutes les manières, et même au cas où la commission indiquée prendrait la décision de rejeter notre pacte, nous exercerons les pressions nécessaires pour qu'il soit discuté lors de la séance plénière qui sera réservée à l'adoption de la constitution». Il est à préciser que le pacte de Tunis pour les droits et les libertés comporte neuf chapitres intitulés comme suit: le droit à une vie digne, le droit à la protection et à la sécurité, le droit au choix libre, le droit à l'égalité et à la non-discrimination, le droit à la citoyenneté et à la participation, le droit au développement humain, les droits intellectuels, culturels et de création, le droit à un environnement sain et équilibré et les garanties. Tous ceux qui désirent signer le pacte peuvent le faire au sein des unions régionales de l'Ugtt ainsi que des structures relevant de la Ligue des droits de l'Homme.