Bientôt le mois saint sera là pour un nouveau tour. C'est la saison des divers retours. Les Tunisiens se réconcilient, ainsi, avec leur petite lucarne. Place aux sketchs et aux feuilletons tunisiens. Les jours s'envolent, la cadence s'accélère. Le renouveau de notre télévision ? Saura-t-elle se faire valoir auprès d'un public assoiffé de production locale ? Vendredi matin, dans une rue vidée de ses passants et sous un soleil de plomb, l'évènement est des plus insolites du côté de la ville de Bouficha (gouvernorat de Sousse). Une armada d'acteurs, de producteurs et de techniciens a envahi les lieux. L'ambiance est à la concentration. « Silence, ça tourne ! », le même refrain revient sans cesse, ses échos se font entendre derrière les murs. Dans une petite librairie du coin, le décor met l'espace sur son trente et un, l'action a du souffle et n'est pas moins avare de rebondissements. La caméra est vive et apostrophe toutes les générations. Il s'agit du tournage de la 38e séquence de l'épisode 8 d'«El Mataha», de Naïm Berrhouma, d'après un scénario de Mohamed Hizi. Prévue pour la deuxième moitié de Ramadan, cette œuvre dont le tournage aura lieu entre Tunis et Sousse (dans des localités rurales et citadines) est à sa troisième semaine pour se poursuivre jusqu'à la fin de juillet. Elle est articulée autour d'une intrigue puisant dans la fresque des relations sociales. Le conflit du bien et du mal y est incarné par Donia (Nadia Boucetta) et Moncef (Zouhaïer Errayes), les deux personnages principaux de cette comédie humaine. Cela dit, femme d'affaires au parcours marqué par la multitude des péripéties, Nadia, la bienfaisante au succès extraordinaire, sera, au fil des jours, en proie à la cupidité, voire à la bassesse humaine. Son mari Moncef—cet être anéanti par les injustices du temps— y sera pleinement de la partie. En d'autres termes, l'homme, toujours marqué par les traces d'une enfance plongée dans l'orphelinat, sera aveuglé par son incessante cupidité pour usurper les biens de sa conjointe, avec l'aide du huissier Salah (Jamel Sassi). Sur ce, comme l'avance le réalisateur Adnen Khedher, directeur de la production, cette histoire tragi-comique ne manquera pas d'aventures rocambolesques et d'humour décapant. Outre les figures connues de la télévision tunisienne tels Khedija Ben Arfa, Jamel Sassi, Anouar Ayachi, Dalila Meftahi, Salah Jday, Fethi Msalmani et Issa Harrath entre autres, la chance a été donnée aux jeunes. De ce fait, Nadia Boucetta est à son premier rôle principal. Et Najla Ben Abdallah est une découverte prometteuse, selon le réalisateur. Sachant que le choix a été fait sur la base des profils. Ambiance conviviale En réponse à une question portant sur les nouveautés que recèle ce feuilleton, Zouhaïer Errayes nous a affirmé qu'après avoir joué des rôles principaux dans «Al Moutahaddi» et «Kamanjet Salama», avec «El Mataha», il s'agit d'une première où il interprète jusqu'au bout de la misanthropie et du sadisme le rôle du sans-cœur dans une allure démoniaque. Salah Jday (Rabeh dans le feuilleton) a abondé dans le même sens, soulignant que son rôle renvoie aux incohérences du vécu, orchestrées par des états d'âme et une réalité instable. Il ajoute, dans ce sens, que parmi les nouveautés de cette œuvre, il y a avant tout cette nouvelle allure du monde rural, lequel, loin des clichés connus, y apparaît moderne et recèle des mimiques fortement significatives du monde citadin. « Dans ce feuilleton, on raconte le quotidien de bon nombre de Tunisiens, on dresse un tableau des rapports qu'entretiennent quotidiennement les hommes, dans une logique de dualité perpétuelle : calme et agitation, constance et soubresaut, noblesse et bassesse», renchérit notre interlocuteur. Pour ce qui est de l'ambiance du tournage, les acteurs rencontrés à cette occasion avancent qu'elle est conviviale et sereine, saluant le professionnalisme, la patience et la souplesse du réalisateur. En effet, Najla Ben Abdallah, à sa première devant la caméra, dévoile son ravissement quant au soutien et à l'encouragement qu'elle a trouvés de la part d'une équipe aussi expérimentée que mature. Il convient de dire, du reste, que toute l'équipe du tournage s'est montrée consciente de la rude concurrence imposée par les dramatiques et séries arabes, surtout pendant le mois saint. D'où leur perceptible détermination de créer une œuvre devant laquelle « les cœurs battront la chamade». Reste à savoir quelle part d'audience aura ce feuilleton. En attendant, bon tournage pour ce qui reste et joyeux Ramadan.