• Une rencontre avec les habitants du Kef pour expliquer les acquis et les programmes de la prochaine étape • Sémiotique d'un discours enjôleur qui se veut rassurant Le Congrès pour la République (CPR) a organisé, hier après-midi, au complexe culturel Sahbi-Mosrati du Kef une rencontre avec les habitants du Kef pour expliquer les acquis accomplis pendant les 85 jours de gouvernement de la Troïka, ainsi que les programmes d'action pour la prochaine étape. Une rencontre animée par deux pontifes du parti, en l'occurrence la ministre de la Femme, Sihem Bady, et le conseiller principal et chargé de presse auprès de la Présidence de la République, Ayoub Messaoudi, qui se sont relayés pour mettre à profit leur talent d'orateurs pour convaincre l'auditoire, au demeurant peu nombreux. Si la ministre a mis son cœur à nu pour affirmer la grande volonté qui anime le gouvernement pour servir le plus honnêtement possible le peuple, le premier conseiller de la présidence a révélé de nombreux acquis déjà accomplis en matière de rigueur dans la gestion des affaires courantes de la plus haute institution nationale. Il a, dans ce contexte, expliqué que le cabinet de Moncef Marzouki travaille quatre fois plus que celui de Ben Ali, dépense moins d'argent et consomme moins d'énergie, donnant à titre d'exemple la baisse de la consommation énergétique du Palais de Carthage pour le mois de janvier dernier en comparaison de celle du régime déchu qui, pourtant, travaillait beaucoup moins, mais aussi la baisse de 37% du budget présidentiel par rapport à celui de 2010, ce qui représente, à ses yeux, une preuve irréfutable que le gouvernement de la Troïka a totalement rompu avec les pratiques saugrenues de l'ancien régime et qu'il œuvre dans la bonne voie pour servir le peuple dans la transparence, la célérité et sans tabou. Il a ensuite révélé quelques informations au sujet de l'action gouvernementale expliquant que, dans une semaine, le ministère de la Planification va publier dans le détail une liste de projets à réaliser dans chaque délégation, indiquant à ce titre que près de 70% des dépenses budgétaires d'investissements publics iront aux régions défavorisées et qu'un travail laborieux est en train d'être réalisé par le gouvernement pour abolir, à jamais, le népotisme que ce soit en matière de recrutement au sein de la Fonction publique ou au sujet de la nomination des hauts fonctionnaires de l'Etat et des responsables de l'administration. La ministre de la Femme a, quant à elle, fait ressortir la pression que le peuple exerce sans répit sur le gouvernement pour mettre en place sa politique de développement et surtout le volet relatif à l'emploi, ne cachant pas, cependant, que certains partis de l'opposition veulent faire chuter le gouvernement de la Troïka tout en accusant les médias de partialité. Néanmoins les interventions de certains participants ont renversé la tendance et accusé le gouvernement de vouloir mettre la main sur le quatrième pouvoir qui, ont-ils indiqué, ne cherche qu'à faire son travail, loin de toute appartenance partisane. D'autres intervenants ont rappelé au gouvernement ses engagements pris en faveur de la région du Kef, en particulier l'engagement annoncé par Lamine Chakhari, ministre de l'Industrie et de l'Economie, relatif à la mise en œuvre, avant mai prochain, du projet de création de la ville industrielle de Sakiet Sidi Youssef qui devrait créer 20.000 postes d'emploi. Le discours enjôleur manifesté par les deux responsables a, tout de même, séduit l'auditoire qui a axé ses interventions sur toutes les questions de l'heure, notamment les priorités régionales en matière de développement et d'emploi dans la région du Kef. Un discours qui ne peut, cependant, nullement cacher les difficultés que traverse le pays, en particulier au niveau sécuritaire. Comme pour rassurer l'auditoire, le conseiller principal de la Présidence s'est dit confiant que tout ira pour le mieux, d'autant plus que la direction d'Ennahdha, a-t-il précisé, a définitivement tranché au sujet de son projet sociétal, en souscrivant une fois pour toutes en faveur d'un Etat civil, ce qui devrait, si un tel engagement était pris, dissiper toutes les craintes du peuple concernant l'instauration de l'obscurantisme et du fanatisme religieux, deux menaces qui peuvent bien entraver le flux des investissements directs étrangers dans le pays et, par ricochet, y restreindre la liberté de pensée et d'action. Une hypothèse qu'aucun Tunisien ne souhaite ni ne tolérera jamais.