Le Centre d'art vivant du Belvédère (Cdav), ex-Maison des arts, n'est plus seulement un espace d'exposition, il a évolué vers d'autres formes artistiques. Il se veut un tremplin pour promouvoir les jeunes talents issus de l'université, ainsi que de la scène artistique professionnelle, à travers l'entrelacement des arts. L'ex-Maison des arts destinée, autrefois, à programmer trois événements d'ordre plastique par an, est maintenant ouverte à d'autres types d'arts : design, architecture, philosophie, littérature, musique... « Nous voulons créer des événements susceptibles de mettre en évidence une exposition, mais aussi une réflexion autour de cette exposition plastique. De ce fait, nous créons trois choses en même temps : montrer, exposer et réfléchir à travers des tables rondes, des journées d'études, des colloques et des workshop, etc. », précise Sana Tamzini, directrice du centre. Les objectifs tracés à travers la programmation consistent à mettre en évidence toutes les énergies créatives. «C'est dans cette perspective que nous accueillons toujours des tables rondes et autres journées d'études, comme celle que nous avons organisée récemment, autour du thème «Poétique artistique et citoyenneté», qui a permis à de nombreux intervenants, philosophes, écrivains et artistes de discuter de leurs actes de création dans la rue et ainsi que du rapport avec la citoyenneté. C'est-à-dire de l'artiste comme citoyen et de l'artiste comme créateur qui s'investit dans la scène publique. Le centre a également abrité des journées d'études sur l'urbanisme. Comment penser sa ville aujourd'hui ? Plusieurs problèmes ont été révélés, notamment les contraintes administratives, ainsi que l'ego de l'artiste qui reste réticent à ce genre d'initiative», ajoute encore la maîtresse des lieux. Création d'une cinémathèque Cette nouvelle approche est une manière de sortir l'artiste de sa tour d'ivoire et de le rapprocher de la scène publique. «Nous cherchons à exposer sa manière de faire et de penser, en le mettant en contact avec des praticiens de l'art, des critiques, des historiens, des commissaires qui réfléchissent autour de l'acte artistique, sans oublier l'approche commerciale qui nous manque tant en Tunisie et qui traduit l'absence du marché de l'art contemporain», explique-t-elle. En dépit de ses moyens modestes, le Cdav offre son espace à tout créateur désireux d'entreprendre une expérience artistique dans un cadre agréable qu'est le Belvédère. Le jardin du centre (ancien hangar) sert aussi comme outil d'expérimentation pour les créateurs, en fonction de leurs besoins. Parmi les futurs projets, il y a la création d'une cinémathèque, projet conçu par de jeunes cinéastes. «Le centre est ouvert aux penseurs, danseurs, slameurs, plasticiens, hommes de théâtre, photographes, écrivains (pour des séances de signature de leur livre)... Nous avons également organisé, l'été dernier, un concert pakistanais (Kawali) et rendu hommage à Jalila Hafsia, pionnière du Cdav», révèle Sana Tamzini. Une nouvelle stratégie est donc mise en place ayant pour objectif principal l'entrelacement des arts. «A cet effet, un comité de sélection procède au choix des projets. Les critères sont purement scientifiques où sont pris en compte le parcours de l'artiste, son expérience à l'échelle nationale et internationale, son concept, le développement de son projet et la technique utilisée. Mais cela ne nous empêche pas de donner la chance à un jeune débutant qui n'a pas d'expérience», précise notre invitée du lundi. L'actualité de l'acte artistique est importante dans la mesure où «on n'accepte pas des œuvres qui datent de 3 à 4 ans. Elles doivent être récentes, surtout quand elles sont destinées à un public d'ici et maintenant», dit-elle. Les jeunes sont de plus en plus impliqués dans le processus de création. « J'ai fait appel à un groupe d'étudiants stagiaires pour la réalisation de la charte graphique du Cdav, suite à un appel à candidature. J'ai mis en place un comité de sélection pour choisir les travaux. J'ai moi-même apporté ma contribution à la scénographie qui est ma spécialité», conclut Sana Tamzini, qui, nous en convenons, est en train de tout faire pour donner une seconde vie, beaucoup plus dynamique, à ce Centre d'art vivant cantonné, jusqu'à, il y a peu de temps, à une forme d'art muséographique.