La valorisation et l'exploitation de plusieurs circuits écologiques, archéologiques, géologiques ou historiques dans plusieurs régions du nord-ouest restent timides, voire nettement en deçà des attentes. Un coup de pouce est nécessaire pour stimuler l'activité touristique et booster le marché de l'emploi. Les circuits touristiques sont devenus nombreux dans le pays et beaucoup d'argent a été mobilisé pour étudier les nouvelles routes à la découverte de la Tunisie profonde et tous les lieux à même de constituer des circuits touristique attractifs et susceptibles de susciter la curiosité des visiteurs aussi bien pour les sites archéologiques qu'historiques ou encore naturels et de faire d'eux une plateforme complète pour créer de nouveaux produits touristiques que pourraient étoffer les produits de l'artisanat propres à chaque site à visiter. Déjà, au Kef, la réalisation d'un guide touristique menée dans le cadre du partenariat entre l'Association de sauvergarde de la Médina et l'Organisation internationale du travail «Départ» a été d'un apport appréciable pour mettre en exergue la richesse du patrimoine régional et ses composantes archéologiques, géologiques, naturelles ou culturelles en vue de les valoriser à des fins touristiques. On y dénombre un circuit numérique, un circuit naturel et un autre à aspect culinaire et culturel, car Le Kef est une région où le visiteur est fasciné par la splendeur des décors naturels, les montagnes à n'en plus finir, mais aussi les sites archéologiques de Mdaïna, plus connus sous le nom de site d'Altiburos romain, de Zanfour au Sers, dont l'histoire rapporte que ce chef romain s'est marié avec la reine Cerès, déesse du blé pour mettre fin à une longue guerre qui a ravagé cette région, mais aussi les sites antiques romains et puniques de la ville du Kef, comme la cathédrale romaine, la basilique de Saint-Pierre, les monuments islamiques avec, à leur tête, la fameuse Kasba turque, unique au monde, en ce qu'elle surplombe la ville en son milieu. Mais les circuits qui ont été mis en place dans cette région n'ont pas omis la partie géologique en mettant à profit la découverte de la «Coupe géologique» de Hammam Mellègue, considérée comme coupe de référence de la limite temporelle K/T de la préhistoire, lors du Congrès international de Washington en 1989. On y a découvert une couche d'iridium, un élément chimique extraterreste qui prouve que la terre a été percutée par un astéroïde il y a plusieurs millions d'années à ce niveau-là. On ne manquera de signaler aussi la fascination qu'impose la Table de Jugurtha au visiteur grâce à sa forme tabulaire et son élévation à 1.271 mètres au-dessus du niveau de la mer et qui vient d'être inscrite sur le patrimoine mondial de l'Unesco dans sa liste préliminaire. A cela s'ajoutent aussi les sites annexes comme les monuments historiques de Sidi Boumakhlouf, la synagogue juive, le musée des arts populaires qui font partie d'un autre circuit proposé aux visiteurs de la ville. Ils sont cependant mieux exploités et représentent les premières destinations, certes timides, auxquelles se rendent les touristes et les visiteurs de la ville. Mais à côté du Kef l'on découvre un peu partout dans la région du Nord d'autres circuits pour l'attraction touristique à l'image des circuits de Jbel Serj à Siliana, de Kroumirie à Aïn Draham-Tabarka, du Poney à Nefza du côté de Béja et du circuit andalou à Testour et Teboursouk. Or, tous ces circuits n'ont pas été exploités à bon escient non seulement ces dernières années, mais depuis belle lurette, entraînant leur entrée dans la pénombre, en dépit de tout l'argent qui a été dépensé pour la création de ces circuits et leur identification après de longues études. C'est que aussi le facteur sécurité a été parfois déterminant pour le recul de l'activité touristique dans toutes les régions, au demeurant pauvres en infrastructure touristique appropriée, ce qui rend l'activité touristique aléatoire, même si l'on a tendance à remarquer l'apparition d'un nouveau mode de tourisme, celui des découvertes individuelles ou en couple de certains lieux par des étrangers huppés qui choisissent aussi de gîter dans des maisons d'hôte ou des gîtes ruraux plutôt que d'aller dans des hôtels. Fort heureusement que certaines activités inscrites dans le cadre de circuits limités comme celui de la chasse au sanglier au cœur de la nature sauvage, mais aussi de la grive qui pullule en hiver dans les champs d'oliviers, ont tendance à revenir timidement au Kef et à Aïn Draham où la sécurité est renforcée en raison des menaces de terrorisme. Certains sites semblent même abandonnés, en dépit de leur splendeur et nombre de visiteurs s'interrogent parfois sur ces négligences administratives qui n'arrivent pas à les commercialiser et à les proposer aux agences de voyages, notamment les sites Thuburbo Majus d'El Fahs, de Dougga et de Bulla Régia près de Jendouba sont encore presque méconnus non seulement par les étrangers mais aussi par les Tunisiens qui s'étonnent à la vue de telles richesses patrimoniales quand ils s'y rendent, y trouvant même quelque chose d'original avec plus de caractère que ce qu'on pourrait voir ailleurs dans le même genre. Un ancien ambassadeur du Canada s'est même étonné longuement devant le Mausolée de Sidi Boumakhlouf du Kef, estimant qu'il a plus de splendeur que celui de Sidi Bou Saïd alors que l'ambassadeur de France, l'actuel, a été écœuré en remarquant que le site romain de Thuburbo Majus près d'El Fahs, à une heure et quart de Tunis, n'est visité par aucun des huit millions de touristes attendus en Tunisie en 2018, estimant qu'il représente l'une des plus belles cités antiques de la Tunisie, d'autant plus que beaucoup d'argent a été investi pour mieux l'entretenir. Le président de l'Association de sauvegarde de la Médina du Kef (Asmk) est à son tour très attaché au renforcement de l'activité touristique et l'exploitation des quatre circuits proposés au visiteur dans cette région et estime qu'à travers le guide que l'Asmk a mis en place qu'il est temps de relancer l'activité touristique dans cette région, affirmant que la région a tous les atouts pour devenir une destination privilégiée pour les amateurs de grandes découvertes. Le dépaysement est garanti.