Depuis 2010, 100.000 cas de vols d'électricité ont été détectés sur tout le territoire. Les «vols» d'électricité ont occasionné des pertes considérables à la Steg ces dernières années. Tous les subterfuges sont bons, en effet, pour ralentir le compteur, réduire les frais d'électricité et adoucir les factures salées de la Steg. Pour cela, les fraudeurs sont prêts à faire preuve de beaucoup d'ingéniosité pour détourner illégalement l'énergie électrique du réseau de la société, et ce, dans presque tous les usages : domestique, agricole, commercial... Les branchements sauvages au réseau de distribution figurent en tête des tactiques de détournement les plus courantes observées dans les villes, les régions et les quartiers. Ceux-ci ont notamment augmenté après le 14 janvier à cause de la baisse de vigilance des agents de contrôle de la Steg qui ont été contraints de lâcher du lest à cause de la situation sécuritaire instable dans le pays au lendemain de la révolution. Les voleurs d'électricité ne manquent pas d'imagination et recourent également à d'autres pratiques illégales pour réduire leur facture d'électricité. Surcharge et affaissement de la tension électrique Le directeur chargé des relations avec le citoyen à la Steg, Mounir Ghabry, en énumère plusieurs : des fraudeurs interviennent directement sur le compteur soit en le court-circuitant ou en freinant tout simplement son fonctionnement. Soit, ils perturbent le champ magnétique ou ils bloquent le disque interne du compteur avec un film ou une lame de rasoir. Afin d'augmenter la puissance de l'énergie délivrée par la Steg, certains particuliers abonnés vont jusqu'à court-circuiter ou remplacer illicitement le disjoncteur par un appareil plus puissant pour faire fonctionner plusieurs appareils électroménagers dans leur foyer. La Steg déplore ces fraudes à l'origine d'une surexploitation illégale d'électricité qui est responsable d'une surcharge sur le réseau et de l'affaissement de la tension électrique. «Une chute de tension peut nuire au bon fonctionnement des appareils électroménagers et provoquer leur destruction. En effet, lorsque des appareils électroménagers fonctionnent avec une chute de tension, ils ne peuvent pas jouer convenablement leur rôle. D'un autre côté, l'augmentation illégale de la puissance de l'énergie reçue peut avoir un impact négatif sur la sécurité du réseau et du citoyen. Le surchauffement des câbles peut endommager les appareils électroménagers et provoquer un incendie», a expliqué M. Ghabry. Création d'une brigade de lutte contre les fraudes Depuis 2010, 100.000 cas de vols d'électricité ont été détectés occasionnant à la Steg des pertes estimées à des dizaines de millions de dinars. En 2017, la Société tunisienne de l'électricité et du gaz a mis en place une brigade de lutte contre la fraude dans chaque région. Une autre brigade nationale qui est composée d'équipes assermentées a également pour mission de ratisser les districts pour déceler d'éventuelles fraudes. «La nouvelle direction générale, au niveau de la Steg, s'est fixée, depuis presqu'une année, pour objectif prioritaire : la lutte contre les fraudeurs. Une procédure judiciaire est souvent engagée contre eux pour réparation de préjudice. Ils sont appelés principalement à payer la différence entre ce qui leur a été facturé et ce qu'ils ont consommé réellement», a relevé, à ce propos, M. Ghabry. Pour limiter les fraudes, la société a défini une nouvelle stratégie basée sur plusieurs axes. Les compteurs devront être dorénavant installés en dehors des maisons et des bâtiments pour éviter toute manipulation douteuse. Les compteurs traditionnels céderont par ailleurs progressivement la place à des compteurs électroniques qui ont pour avantage d'être équipés d'une mémoire qui enregistre l'historique complet de la consommation de l'abonné. Sur les quatre millions de compteurs, installés sur tout le territoire environ 25% sont des compteurs électroniques. La société ne compte pas s'arrêter là et prévoit de passer au palier supérieur en déployant le Smart-Grid qui comporte un système de comptage intelligent permettant de sécuriser la facturation et d'échanger à distance des données en temps réel avec la salle de contrôle de la société. Le gouvernorat de Sfax a été choisi pour entamer une expérience pilote en remplaçant les compteurs anciens par des compteurs Smart. «Le comptage Smart permettra une meilleure maîtrise du système ce qui aura des retombées positives sur diverses prestations rendues à la clientèle de la Steg. C'est un système intelligent qui pourra notamment permettre aux clients d'évaluer leur consommation pour mieux la rationaliser», a conclu le directeur chargé des relations avec le citoyen.