Les initiatives et les mesures prises par le ministère de l'Education ne sont pas arrivées à venir à bout du phénomène de la violence dans le milieu scolaire. Le phénomène de la violence en milieu scolaire a repris du poil de la bête, ces derniers temps, dans nos institutions éducatives où de graves atteintes à la sécurité des enseignants et à leur intégrité physique ont été constatées, poussant les parents d'élèves, les responsables des institutions éducatives et le collectif des enseignants à lancer un appel urgent pour endiguer ce fléau et préserver l'intégrité des établissements scolaires contre ces nouveaux dérapages. Enseignants agressés avec une lame de rasoir, à coups de poing ou de pied, et grossièretés verbales : tels sont les nouveaux ingrédients qui, fort malheureusement, commencent à se répandre de façon fulgurante et inquiétante, dans plusieurs institutions scolaires à travers le pays. Une enseignante a été balafrée à Kasserine, une autre a été tabassée à coups de poing à Kairouan. Il y a deux jours à peine la femme d'un directeur d'école a agressé physiquement et verbalement le surveillant général de l'établissement. La violence gagne du terrain dans plusieurs régions du pays où l'école tunisienne connaît des soubresauts inquiétants pour l'avenir de l'éducation. Voilà qui rend compte du danger auquel font face les enseignants aujourd'hui, et ni les sit-in ni les grèves ne semblent en mesure de mettre fin à ce fléau, tant il commence à faire tache d'huile. La violence gagne du terrain dans les établissements Le directeur général du cycle primaire au ministère de l'Education, Kamel Hagem, a même fait remarquer que le phénomène va crescendo, et ce, lors de l'atelier sur «la lutte contre la violence en milieu scolaire et la consécration des valeurs de tolérance à travers les méthodes d'enseignement». Et en dépit des initiatives prises par le ministère à travers la création de plusieurs structures et autres mécanismes visant à être attentif aux préoccupations des élèves, à leurs requêtes et à leurs aspirations, la situation demeure toujours critique au sein des établissements scolaires, car les conseils pédagogiques, les conseils d'entreprise et la création de salles de classe pour la révision n'ont pas suffi pour venir à bout de ce problème épineux. Certains parents estiment que l'école a failli à ses obligations et surtout aux dispositifs prévus par le document relatif à la réglementation de la vie scolaire dans les institutions éducatives qui accorde la priorité à l'élève en ce qu'il est le noyau de l'opération éducative et les parents un partenaire à part entière. «Malheureusement, les parents sont écartés de cette opération», déclare Mondher Ben Hamadi, parent de Salma, une élève inscrite en classe de 4e dans un établissement de la région du Kef. Et d'ajouter : «Les parents ne sont sollicités par les chefs d'établissement pour discuter des vrais problèmes que lors de l'exercice de leurs responsabilités. Ils ne sont convoqués qu'en cas de conseil de discipline, d'absences injustifiées ou de requête de la part des enseignants». Relations tendues entre les parents et le cadre enseignant et scolaire L'école est, en effet, en rupture avec les parents, et rares sont les réunions qui se tiennent dans les établissements scolaires pour discuter des vrais problèmes qui engendrent la violence verbale ou physique et examiner les moyens à même de lutter contre le phénomène et l'éradiquer, partant du rôle dévolu à la famille dans l'éducation et l'accompagnement des enfants en milieu social et scolaire. Une enseignante du Kef estime que le risque d'agression est devenu réel, ces derniers temps. Elle appelle le ministère de l'Education à se pencher sérieusement sur le problème de la violence en milieu scolaire afin d'y remédier et de préserver la sécurité des élèves et du cadre enseignant. «Et même si le ministère a dénoncé, dit-elle, dans un communiqué rendu public le 27 octobre dernier, toute les formes de violence visant les enseignants et les élèves, cela demeure insuffisant à ses yeux pour garantir l'intégrité physique et morale du corps éducatif et la sécurité de l'institution scolaire». Il faut reconnaître que les données fournies par le ministère de l'Education l'année dernière font état de 100 cas d'agression par jour, verbales ou physiques qui ont été enregistrées dans des établissements scolaires publics en 2014 et 9.727 cas d'agression au cours du premier trimestre 2015-2016. Le ministère a aussi déposé 1.100 plaintes auprès des autorités judiciaires à la suite des cas d'agression constatés contre le corps éducatif ou les élèves. Les statistiques fort alarmantes attestent de l'ampleur du phénomène que certains enseignants qualifient de dérive sans précédent dans le pays. Ces derniers appellent à la mise en place de rencontres entre parents, chefs d'établissement et enseignants afin de trouver une issue qui mette fin au phénomène de la violence dans le milieu scolaire et à l'insécurité dans les établissements et assainisse le climat élève-enseignant. Or, actuellement, la direction des établissements scolaires est jugée en grande partie défaillante sur le plan de la gestion du phénomène de la violence en milieu scolaire.