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Diagnostic inquiétant, enjeux colossaux
Glissement du dinar
Publié dans La Presse de Tunisie le 11 - 10 - 2017

La poursuite du glissement du dinar est actuellement le grand défi des autorités monétaires tunisiennes. Un défi qui reflète les maux de l'économie nationale et requiert des mesures urgentes pour atténuer la dépréciation continue du dinar tunisien qui risque de dépasser bientôt la barre des 3 dinars par rapport à l'euro. La relance économique est impérative, mais elle est très difficile dans une conjoncture où tous les indicateurs sont alarmants. Le diagnostic est lourd, les enjeux colossaux et la prise de décision doit être en mesure de pallier les difficultés qui se font sentir de plus en plus chaque jour, avec l'augmentation de l'inflation et la baisse de l'investissement à cause du manque de visibilité. Eclairage de deux économistes
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Comment expliquez-vous cette dépréciation du dinar tunisien ?
Il faut rappeler que l'état d'une monnaie relfète l'état de l'économie de son pays. Le glissement du dinar est dû, en premier lieu, à la faible croissance économique. En deuxième lieu, il est imputé au déficit commercial entre les importations et les exportations qui impacte le solde des devises. On se trouve dans une situation où on achète des devises chères. En troisième lieu, ceci est dû au fait que l'export n'a pas repris son ancien niveau, que ce soit en termes de volume ou de croissance. Le marché monétaire n'a pas de visibilité concernant les avoirs en devises. Etant donné que notre monnaie n'est pas convertible et qu'elle est indexée dans un "couffin" de monnaies, elle reçoit la faible quotation, qui ne lui permet pas d'être achetée en dollars ou en euros facilement.
Est-ce qu'un allègement de ce glissement est possible ?
Je ne pense pas. Il va continuer pour deux raisons. Premièrement, la situation économique ne s'est pas améliorée. Deuxièmement, c'est voulu. Nous allons à petits pas vers la libéralisation du dinar. Pour anticiper ce choc, la Banque centrale est en train de fermer les yeux sur le glissement du dinar. Elle n'intervient plus dans la régulation. Elle s'est abstenue de le faire.
Cette abstention a été également soufflée par le Fonds monétaire internationale (FMI), qui n'est pas prêt à continuer à octroyer des crédits pour financer notre inflation. Donc, il donne la prescription de libéraliser le dinar et de ne plus réguler pour que la monnaie nationale se présente sous sa vraie valeur. Les responsables du FMI veulent connaître la parité de change. Ce qui veut dire que le glissement du dinar va se poursuivre jusqu'à atteindre la barre de 3,5 dinars pour 1 euro. Cela va se poursuivre toute l'année 2018 et peut-être la première moitié de l'année 2019.
Comment peut-on pallier cette situation ?
Nous devons relancer l'économie, relancer l'export et réduire le déficit commercial. Or, ce sont des mesures qui ne peuvent pas se faire à court terme. Il faut arriver à inverser la tendance, alors que nous ne sommes pas dans une situation qui permet cela. Le déficit commercial continue parce que notre politique commerciale n'est pas adaptée. Même les responsables ont une vision différente. Ce qui complique le schéma. De l'autre côté, l'export, l'emploi, la création de richesse reprennent mais à un rythme très lent et quasiment stationnaire.
Pour relancer l'économie, il faut que les opérateurs économiques se remettent à investir et pour cela il faut qu'ils regagnent confiance en l'économie. Entre autres, il faut procéder à la réconciliation économique. Tout cela constitue aujourd'hui des blocages. C'est un système qui est bouché, on n'arrive pas à le déboucher et à le mettre sur orbite.
Est-ce que la loi de finances pourrait consolider cette situation de blocage?
La loi pourrait ne pas avoir un impact sur l'investissement si les décrets d'application de la loi de l'investissement sont complétés et offrent un environnement propice. Les nouveaux investissements peuvent être relancés si on leur donne une période moratoire d'exonération. Cela peut relancer l'investissement. Or, certains décrets ne sont pas encore publiés, ce qui complique la situation et n'offre pas de visibilité aux investisseurs.
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Pourquoi le dinar tunisien continue sa dépréciation ?
Il faut reconnaître tout d'abord que la monnaie est le reflet de la situation économique du pays. Si le dinar se déprécie de cette façon, cela veut dire que la situation économique et financière du pays est très difficile. Comme conséquence de cette situation, il faut voir la balance du commerce extérieur. Le déficit commercial est à un niveau très élevé d'une année à l'autre. En conséquence, la monnaie s'est dépréciée.
Il est vrai qu'elle s'est dépréciée à un rythme plus élevé en 2017, notamment à partir du mois d'avril. L'explication se trouve dans nos relations avec le Fonds monétaire internationale (FMI). Notre situation économique et financière est tellement difficile que le recours au marché monétaire international est devenu difficile et donc la Tunisie a eu recours au FMI deux fois en 2013 et en 2016, en proposant un programme de réformes qui implique entre autres ce que le FMI appelle la flexibilité dans le taux de change du dinar.
Cette flexibilité signifie baisser le dinar et essayer de ne pas intervenir. Mais la question qui se pose est : qu'est-ce qui peut freiner ce glissement ? Ce sont les interventions de la Banque centrale. Elle va offrir des devises sur le marché et demander en contrepartie des dinars. Elle va corriger un peu la règle de l'offre et de la demande. Mais la Tunisie souffre d'un autre problème qui est la baisse continue des réserves de change. Dans ce cas là, la Banque centrale n'a pas les moyens d'intervenir. Au mois de juin, nous avons frôlé le niveau de 90 jours d'importation, ce qui est considéré comme une ligne rouge. Nous sommes remontés parce que de nouveaux crédits ont été débloqués. Mais actuellement, nous sommes revenus à la situation précédente avec 95 jours d'imporation seulement. Donc les possibilités d'intervention de la BCT sont limitées.
Quelles sont les implications de cette dépréciation ?
Il y a beaucoup d'implications négatives. Premièrement, ce qu'on appelle l'inflation importée. Tous les produits importés vont voir leurs prix augmenter à cause de la baisse du dinar. L'inflation est un déséquilibre, elle occasionne une baisse du pouvoir d'achat, notamment de ceux qui ont des revenus fixes (salaries, retraités), et qui ne peuvent pas s'ajuster par rapport à cette augmentation.
Deuxièmement, la contre-valeur de la dette publique et notamment la partie extérieure exprimée en devises devient plus importante. Le taux d'endettement public augmente. Par conséquent, le service de la dette augmente. Il y a une pression beaucoup plus importante au niveau du budget. Ceci a un impact sur la caisse de compensation. Pour tout ce qui est importé comme les hydrocarbures ou le sucre, la caisse va subir un poids plus important.
D'un autre côté, ceci décourage l'investissement direct étranger. Quand la monnaie n'est pas stable, l'investisseur craint pour ses bénéfices à cause du risque de change. Ceci crée une sorte d'attentisme de la part de l'investisseur étranger. Même chose pour les transferts des Tunisiens à l'étranger qui baissent également.
Mais il peut y avoir une conséquence positive qui est de rétablir même partiellement le déséquilibre de la balance commerciale parce que quand le dinar se déprécie, si l'économie est capable de réagir, ceci va encourager les exportations et décourager les importations. Il peut contribuer à un meilleur équilibre de la balance commerciale. Mais ce que nous avons constaté en Tunisie est que les exportations n'ont pas été relancées et les importations n'ont pas été découragées non plus. Le déséquilibre s'est beaucoup aggravé puisqu'à la fin août, nous étions à plus de 10 milliards de dinars de déficit, donc une augmentation de +22% par rapport à 2016.
Quelles sont, selon vous, les voies d'amélioration ?
Si nous voulons améliorer la situation du dinar, il faut commencer à améliorer l'économie. Nous avons fait une estimation, si nous n'engageons pas tout de suite une opération de sauvetage de l'économie tunisienne, nous risquons de voir l'euro s'échanger entre 3,2 et 3,3 dinars au printemps 2018. Il faut une opération de redressement de l'économie avec pour objectif non pas de retrouver l'ancienne valeur du dinar mais au moins de stabiliser le dinar ou de freiner le rythme de son glissement.
Comment percevez-vous l'impact de la loi de finances 2018?
On continue dans la même politique que les années précédentes. Il n'y a pas d'innovations. Il n'y a surtout pas une tentative de sauvetage de l'économie, sachant que le budget de l'Etat représente le tiers de l'économie. On ne parle pas des dépenses, on ne s'intéresse qu'aux recettes et on cherche à augmenter les taux d'imposition en ignorant la réalité des choses : ni les citoyens ni les entreprises ne sont en mesure de supporter cela.


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