Le Syndicat National des Journalistes tunisiens a publié, jeudi 3 mai 20112, à l'occasion de la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse son rapport annuel sous le thème « Etat des lieux de la Presse en Tunisie ». Conclusion, après une année et demie de la Révolution du 14 janvier, les journalistes sont plus que jamais visés et soumis sous pression. Composé de 31 pages, le rapport tire la sonnette d'alarme sur la situation des journalistes tunisiens dans l'exercice de leurs missions. Des tentatives de manipulation, une campagne de déformation, et des agressions verbales et physiques à l'encontre. Plus que jamais visés, les journalistes deviennent la cible de plusieurs partis notamment le parti au pouvoir, indique le rapport. Mme. Najiba Hamrouni, présidente du SNJT, a affirmé que le secteur n'a pas vécu en Tunisie les phases de la transition démocratique prouvée dans les pays démocratiques : « En dépit de la volonté de réforme du secteur de l'information en Tunisie, qui passe forcément par le jugement des symboles de corruption, la constitution d'une législation digne de la place du journaliste tunisien et l'instauration de mécanismes régulateurs du métier, rien ne s'est réalisé. C'est une détermination implicite de monopoliser les médias ». Le rapport indique que dès son élection, le gouvernement ne cesse d'exercer tous types de pression sur les lignes éditoriales pour les détourner suivant ses convictions et visions. Les traitant de « Médias subjectif, de honte, ou de non professionnalisme » ou encore menant « une campagne de purification du secteur de l'information ». Dans son discours du 19 décembre 2011, M. Hamadi Jebali, Chef du gouvernement provisoire, a indiqué que les médias ne reflètent pas actuellement la volonté du peuple, illustre le rapport. Du 13 mai 2011 jusqu'à aujourd'hui, plus de cinq journalistes se sont présentés devant la justice pour propos diffamatoires et infondés, un journaliste a été emprisonné pendant 10 jours pour avoir publié une photo de star sur la couverture de son journal, et récemment le directeur de la chaine de télévision Nessma qui a été amendé pour un film. Un bilan catastrophique pendant seulement un an, et après une Révolution de la liberté d'expression, énumère le rapport. Les nominations jugées « arbitraires » à la tête d'établissements médiatiques de la part du gouvernement, la censure des journalistes au sein de leurs propres journaux, les campagnes de dénigrement sur le réseau Facebook, sont toutes des formes de pression pour étouffer le mot libre. Le rapport ajoute que les déclarations de hauts responsables dans le gouvernement contre les journalistes notamment ceux de la télévision nationale ont nourri le sentiment de haine et de ressentiment de la rue qui a atteint la menace de mort pour certains journalistes. Le SNJT, exige comme seul garant de la liberté d'expression, menacée après la Révolution, l'introduction au sein de la constitution d'articles protégeant le droit à l'information à travers un chapitre intitulé «pacte des droits» à l'instar de celui des Etats-Unis.