Le député Aymen Nagra a révélé, jeudi 21 décembre 2023, que le ministère des Affaires culturelles et l'Institut national du patrimoine (INP) avaient été alertés plusieurs fois avant la catastrophe qui a secoué la semaine dernière la ville de Kairouan. Une partie des remparts s'est effondrée, samedi dernier, faisant trois morts et deux blessés parmi les ouvriers du chantier de restauration de la muraille de la vieille ville. Les victimes étaient âgées de 47, 50 et 67 ans. Dans une intervention téléphonique sur Jawhara FM, le député a affirmé que plusieurs correspondances avaient été envoyées aux Affaires culturelles et à l'INP peu après le démarrage des travaux de restauration qui ont commencé il y a de cela cinq semaines. Il a précisé que la ministre des Affaires culturelles, Hayet Ketat Guermazi, avait été informée de la conformité des travaux réalisés sur les remparts le 30 novembre 2023 lors de la plénière consacrée à la discussion du budget de son département. Il a ajouté que les députés avaient exigé une intervention des Affaires culturelles et de l'INP, mais rien n'a été fait, sauf le limogeage, après l'incident, de l'inspecteur régional dont les portes étaient fermées. Aymen Nagra a expliqué que les travaux étaient actuellement à l'arrêt et qu'une enquête administrative avait été ouverte pour inspecter les opérations de restauration réalisées. Il a précisé que l'enquête porterait, également, sur la gestion du don omanais versé en 2016 pour les travaux de restauration des remparts. Le Sultanat d'Oman a, rappelons-le, versé une première tranche de son don, près de 600.000 dollars, soit la moitié du budget initialement alloué au projet de restauration, mais a refusé de verser le reste car sa demande de rapport sur les travaux déjà effectués est restée sans réponse, selon un militant de la société civile à Kairouan. Le projet a été accordé à un simple entrepreneur du bâtiment après un appel d'offres d'achats publics, selon la même source. Chose qui a été dénoncée par le député Aymen Nagra. Il a indiqué que la commission chargée de l'enquête s'était déplacée sur les lieux où elle a constaté des lacunes et un processus de restauration erroné. Une autre enquête a été ordonnée par la ministre des Affaires culturelles qui s'est mobilisée après la catastrophe. L'entrepreneur et l'ingénieur en charge des travaux ont, d'ailleurs, été arrêtés dans le cadre de l'instruction.