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Le pain de Kaïs Saïed mesure vingt centimètres
Publié dans Business News le 23 - 08 - 2023

"Un même pain pour un seul peuple", c'est ce qu'avait recommandé fin juillet dernier le chef de l'Etat. Une chose que n'a pas assimilée le ministère du Commerce, ayant définitivement opté pour des boulangeries de pauvres et des commerces de pain de riches.

Le 27 juillet dernier, alors que la crise de pain s'était nettement aggravée et que la colère des Tunisiens grondait, le président de la République Kaïs Saïed s'est réuni avec l'ancienne cheffe du gouvernement Najla Bouden et la ministre des Finances Sihem Nemsia, où il a dénoncé ce qu'il a considéré comme le pain des pauvres et le pain des riches. Il avait assuré à cette occasion que la question du pain est une ligne rouge et que le problème réside dans la classification des boulangeries : « Cela fait qu'il y a du pain pour les riches et un autre pour les pauvres. Il n'y a qu'un seul pain pour tous les Tunisiens. On dirait qu'il s'agit d'une manière détournée pour lever la compensation des céréales. Cette situation ne peut plus durer. Il faut prendre les mesures nécessaires pour mettre un terme à tout cela et arrêter la vente du pain "non classé". Il y a des réseaux de trafic qui opèrent pour profiter de la situation. Les riches trouvent leur pain, tandis que les pauvres ne le trouvent pas. Pourtant, ce sont les pauvres qui payent les impôts pour subventionner le pain des riches ».
Or, la Tunisie a deux catégories de boulangeries : la première bénéficie d'une carte professionnelle lui permettant de bénéficier de la farine et de la semoule compensées à un prix symbolique ainsi qu'une compensation en numéraire ; la seconde est soumise à un cahier des charges et bénéficie d'une farine et semoule relativement compensées.
En décembre 2021, suite à une augmentation des prix des baguettes par les boulangeries modernes après la hausse du prix de la farine par les autorités. Le ministère du Commerce avait apporté certaines précisions sur les deux catégories :
* Des boulangeries dites classées, ayant des cartes professionnelles, et qui produisent le pain subventionné : le pain de 400 grammes vendu au prix de 230 millimes l'unité et la baguette de 220 grammes vendue au prix de 190 millimes l'unité. Ces établissement ont chaque mois une part fixe de farine compensée de type PS.
* Des boulangeries dite modernes, sans catégorie, spécialisées dans la production des pains spéciaux et haut de gamme, et qui s'approvisionnent en farine sans restriction et qui fixent librement les prix de vente selon la qualité, le genre et la composition du pain vendu.

Ne pouvant se conformer aux recommandations du chef de l'Etat, à savoir vendre à perte le pain au prix compensé, les boulangeries modernes ont arrêté l'activité de fabrication de pain. En représailles, le ministère a opéré des descentes pour confisquer la farine et semoule qu'elles détiennent et qu'elles ont acheté conformément aux usages, facture à l'appui, entravant de ce fait toutes leurs activités. En outre, le ministère avait décidé la suspension immédiate de la vente de la farine fine PS-7 et de la semoule aux boulangeries modernes, les obligeants à fermer boutique et à entamer une série de mouvements de protestation devant le ministère (plus de 1.500 boulangeries et 18.000 emplois sont concernées par ces fermetures, ndlr).
Des négociations ont été engagées avec le ministère qui a promis de réapprovisionner les boulangeries en farine pour qu'elles puissent fabriquer les pains haut de gamme et d'étudier le dossier pour trouver une solution radicale qui satisfasse toute le monde. Le réapprovisionnement n'a repris que plus de dix jours après, le 19 août 2023.
Mais en y ajoutant une exigence des plus farfelues : le changement de dénomination "boulangerie", qui induirait, selon le ministère, en erreur les consommateurs. Ce dernier a réclamé également aux établissements d'informer le consommateur sur le type, le poids et le prix du pain vendu, en toute clarté et transparence, et en enlevant toutes les données publicitaires.
Et d'ajouter : « Les commerces non-classés de fabrication de pain sont spécialisés dans la conception de pain de qualité supérieure, dont le poids ne dépasse pas les 150 grammes et qui est différent, au niveau de la forme, de la baguette et du pain traditionnels compensés » alors que « la baguette compensée fait, quant à elle, vingt centimètres de long ».

Une situation burlesque car avec cette décision, le ministère instaure définitivement le concept de boulangeries des pauvres et de commerces de pain des riches. Exactement, ce que refusait le chef de l'Etat.
La décision intensifie le clivage entre les Tunisiens. C'est aussi une incitation tacite contre les boulangeries modernes : avant les Tunisiens ne différenciaient pas entre les deux types de boulangeries. Mais avec la différenciation de dénomination, les commerces de pain risquent d'être boudés. Idem pour leurs clients qui seront pointés en tant que "riches", en faisant abstraction que certaines personnes sont obligées d'acheter des pains particuliers pour des raisons de santé ou à celles qui sont conscientes de la pauvreté nutritionnelle du pain compensé et qui choisissent d'investir dans un pain plus cher et de meilleure qualité nutritionnelles.
Ainsi, au lieu de fournir toutes les boulangeries en farine compensée pour qu'elles puissent fournir à leurs clients, le pain compensé, et de laisser le choix aux clients selon leurs pouvoir d'achat, le ministère a choisi la solution de facilitée. Il faudra aussi relever que bourgades du pays ne disposent pas de boulangeries classées, privant des citoyens de pains compensés.

Pain des riches et pain des pauvres, c'est ce que vient d'instaurer le ministère du Commerce, en changeant la dénomination des boulangeries modernes, en omettant les recommandations du chef de l'Etat et en accentuant le clivage, alors que les problématiques liées au pain demeurent entière, du moins dans plusieurs endroits du pays.


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